par : Pr. B.MAMACHE
LE TÉTANOS
INTRODUCTION
Maladie
d’origine infectieuse, caractérisée par une intoxication nerveuse amenant la
contraction spasmodique des muscles striés.
Cette
toxi-infection forme le type d’un empoisonnement spécifique par une exotoxine
bactérienne et détermine une affection cosmopolite quoique plus fréquent dans
les pays chauds.
ÉTIOLOGIE
-
Clostridium tetani est le
germe en cause.
- Bâtonnet grêle et droit
modérément mobile (ciliature péritriche), sporulé à spore ronde, volumineuse,
terminale et déformante.
- Gram+, anaérobie
strict.
Dans
l’organisme infecté, il se confine à la plaie de pénétration et souille
éventuellement les produits venant à son contact.
Clostridium
tetani aussi dans le tube digestif de
l’homme et des animaux (herbivores principalement) passe dans les excréments et
souille le fumier, les sols perméables des étables.
-
La forme bacillaire est fragile mais la spore se montre très
résistante. Elle se conserve indéfiniment dans le sol et résiste fortement aux
divers agents nocifs.
PATHOGÉNIE
Le
tétanos est d’origine traumatique. Le micro-organisme aborde l’organisme à
l’état de spores apportées par la terre au contact de plaies tégumentaires.
La
maladie est consécutive à la germination de ces spores qui exige le
concours :
·
L’anaérobiose.
·
La protection temporaire contre la phagocytose.
Le
mécanisme pathogène du bacille tétanique se résume à l’action de sa toxine.
Cette dernière est une exotoxine complexe renfermant:
v La tétanolysine qui attaque les
hématies aurait pour rôle de forcer la barrière hémato-encéphalique et de
permettre l’accès aux neurones de la tétanospasmine circulante.
v La tétanospasmine est un poison
du système nerveux à action élective sur les neurones moteurs bulbo-médullaires
d’où l’hyperexcitabilité réflexe entraînant des contractures violentes et
toniques des muscles correspondants.
Le
tétanos n’est ni douloureux (neurones sensitifs non lésés) ni accompagné de
troubles psychiques (bulbe et moelle seuls atteints).
La
période d’incubation est variable, et influencée par la rapidité de germination
des spores, la quantité de toxine et la réceptivité du sujet. Elle varie de 4 à
20 jours avec une moyenne de 1 à 2 semaines.
ANATOMO-PATHOLOGIE
Le
cadavre se refroidit lentement : au début, la température peut même
s’élever jusqu’à 40 – 42°C.
A
l’autopsie, les lésions sont nulles ou banales : signes d’asphyxie (sang
noir, mal coagulé, congestion veineuse généralisée).
SYMPTOMES
Les
symptômes sont groupés en 3 points :
a)
Contraction tonique des muscles striés : avec attitude spéciale des régions commandées
par ces muscles.
*La tête
est étendue sur l’encolure, les oreilles dressées immobiles, paupières
largement écartées, naseaux très dilatés, les lèvres rétractées moulées sur les
incisives. Les mâchoires sont contractées, immobilisées par le trismus, le dos
rigide est droit (orthotonos) ou excavé (opisthotonos) ou rarement convexe
(emprosthotonos). L’animal se tient figé sur ses membres raides.
*Les
muscles tétanisés sont saillants et en relief sous la peau. Leur consistance
devient très dure.
b)
Hyperexcitabilité réflexe :
Les moindres impressions, du toucher, de la vue, de l’ouïe
déclenchent des secousses violentes de tout le corps.
c)
Répercussions fonctionnelles :
Malgré son faciès anxieux, l’animal ne présente pas de
troubles psychiques.
Température d’abord normale, augmente graduellement
jusqu’à atteinte 40 – 42°C. La hausse peut même se poursuivre quelques heures
après la mort.
Le pouls normal puis, s’accélère. La respiration
courte et fréquente devient pénible par la
suite de
la tétanisation des
muscles respiratoires => cyanose des muqueuses et l’œdème
pulmonaire.
Les bovins présentent de l’inrumination et du
météorisme.
Les mouvements volontaires sont très limités, l’animal
progresse à petit pas et tourne difficilement en décrivant un grand cercle.
Chez le mâle, des érections s’observent (cheval surtout).
EVOLUTION
L’évolution du tétanos est très variable en durée et
en intensité, plusieurs formes cliniques peuvent être distinguées :
1-Tétanos suraigüe : généralement très rapide avec excitabilité très
accusée. Les crises intenses et durables s’accompagnent de sudation et de détresse respiratoire. Cette forme est
mortelle en 1-2 jours.
2- Tétanos aigue : plus fréquente, les spasmes musculaires sont rapprochés,
le relevé difficile même impossible. L’animal reste généralement debout jusqu’à
ce que épuisé, il s’écroule en décubitus latéral. La mort survient en une
semaine en moyenne.
3-Tétanos subaigüe : il rappelle la forme aigue mais son intensité
est moindre. Il se termine en 2 à 3 semaines par la guérison ou la mort due à
la pneumonie.
4-Tétanos chronique : dans cette forme atténuée, les contractions
peu intenses, procèdent par accès assez espacés. Cette forme peut durer des
semaines ou des mois et aboutit souvent à la guérison mais aussi à la mort par
épuisement.
PRONOSTIC
Hormis les cas subaigus ou chroniques, le tétanos se termine habituellement par la mort : la mortalité atteint en moyenne 90% chez le mouton et la chèvre.
Lors de la guérison, la convalescence est toujours
longue (2 à 6 mois).
DIGNOSTIC
A.
Diagnostic clinique : c’est le plus important et ordinairement le
seul utilisé. Aisé dans les cas typiques, il est basé sur les contractions
toniques avec hyperexcitabilité, conscience intacte et température normale.
B.
Diagnostic bactériologique : sa valeur est relative, vu l’absence
d’altérations locales et le dépistage souvent impossible de la plaie
d’inoculation. L’isolement du bacille, par culture, est plus sûr mais difficile
et long. Parfois la présence de toxine dans le sang du malade peut être décelée
par inoculation à la souris.
C.
Diagnostic différentiel :
· L’intoxication par la
strychnine simule le tétanos.
L’anamnèse peut fournir des renseignements utiles. Les contractions intenses et
intermittentes et mydriase sont des éléments différentiels.
· L’épilepsie et l’éclampsie : les contractions sont surtout chroniques
(secousses musculaires) et accompagnées de perte de conscience pendant les
accès.
· La rage : le trismus fait défaut, les crampes musculaires sont
suivies de parésies, les troubles psychiques sont accusés.
· Les myosites et rhumatismes
musculaires aigus : absence
d’excitabilité réflexe. La raideur douloureuse des parties affectées est
caractéristique. Les muscles sont plutôt gonflés que durs.
PROPHYLAXIE
A.
Prophylaxie hygiénique : le tétanos étant d’origine traumatique peut
être évité en empêchant la souillure tétanigène des plaies chirurgicales et
accidentelles.
B.
Prophylaxie médicale : le bacille tétanique est pathogène par sa
toxine. L’immunisation antitétanique doit donc être antitoxique, c'est-à-dire
basé sur l’action de l’antitoxine spécifique.
a)
Immunisation passive (séroprophylaxie antitétanique) : elle s’obtient par injection sous-cutanée de
sérum antitétanique produit par hyper-immunisation du cheval ou du bœuf à
l’aide de l’anatoxine spécifique inoculée à doses croissantes.
L’emploi de ce sérum est indiqué :
· Pour les animaux à opérer surtout
lorsque l’intervention intéresse une région en contact facile avec le sol
(castration, hernies, caudotomies, opérations sur le pied).
·
Pour les animaux porteurs de plaies accidentelles aux endroits.
Doses : 12500 – 25000 UI. Grand animaux.
3000 –
6000 UI. Petits animaux.
Immunité
passive dure 8 – 15 jours en moyenne.
b)
Immunisation active (vaccination antitétanique) :
La vaccination antitétanique comporte trois injections
sous-cutanées d’anatoxine. Les deux premières sont faites à intervalle de 1
mois, la troisième un an au plus tard.
Doses : 10ml. Grands animaux.
5ml. Petits animaux.
L’immunité active consécutive aux 3 injections
d’anatoxine est précoce (8 – 9 jours après la première injection),
durable (8 -9 ans probablement toute la vie) et solide.
c)
Immunisation mixte (sérovaccination antitétanique) : elle comporte :
1-
Injection simultanée, mais séparée de sérum antitétanique et
d’anatoxine aux doses sus indiquées.
2-
Après un mois, injection d’anatoxine seule.
TRAITEMENT
Il comporte deux indications :
1-
Arrêter la production de nouvelles quantités de toxine :
·
Désinfection de la plaie.
·
Chimiothérapie : Pénicilline, Tétracycline.
2-
Neutralisation de la toxine :
·
Sérothérapie.
·
Séro-anatoxinothérapie.
La sérothérapie doit être précoce et énergique.
Dose : 200.000 UI d’antitoxine. La dose injectée en une fois, une partie
en intraveineuse, l’autre en intramusculaire.
La sérothérapie est coûteuse et néanmoins d’efficacité
très incertaine : elle neutralise la toxine déjà combinée à la substance
nerveuse et, pour le moins, aléatoire.
Neutralisation de la toxine déjà fixée sur le système
nerveux.
·
Injection intra-carotidienne d’un immun sérum.
·
Injection de l’antitoxine dans la citerne sous-arachnoïdienne.
Traitement
symptomatique
1-
Supprimer les causes de l’excitabilité en isolant le malade dans un
local tranquille, sombre et de température modérée.
2-Donner au malade une alimentation appropriée : barbotage, aliments
liquides, etc.……
3-Calmer l’hyperexcitabilité réflexe et lever les spasmes calmants
(barbituriques, phenergan, chloral……), curarisants (d-tubocurarine
succinycholine……).
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