Dr. BELILET-MERDACI/ ISV El-TARF /2008-2009
EXAMEN DE L’APPAREIL DIGESTIF
Introduction : La
composition générale du tube digestif chez les carnivores et les équins est la
même, mais elle est différente chez les bovins (ruminants). Cet appareil peut présenter
des troubles aussi bien fonctionnels que ceux concernant le transit digestif.
1-
L’appareil digestif des bovins
L’appareil
digestif des bovins possède une particularité propre à cette espèce du point de
vue anatomique, physiologique, et pathologique. La taille de ses différents
composants (estomac, intestins), le nombre de poches gastriques (rumen, réseau,
feuillet, caillette) rendent la pathologie de cet appareil assez variée,
complexe et fréquente.
a) Appétit :
c’est l’indice du bien être des animaux, en général un animal sain non rassasié
ne refuse jamais un aliment appètent.
L’appétit
peut subir des modifications quantitatives ou qualitatives :
*appétit
augmenté → physiologique : mise bas, famine, aliment appètent…
→pathologique : Diabète, para
tuberculose.
*appétit
diminué → physiologique : deux deniers mois de gestation.
→
pathologique : affections bénignes.
*inappétence
totale (anorexie) → maladies graves (météorisme, toxémie, acétose,
déplacement de la caillette…).
*appétit
sélectif (perverti)→ pica due à des troubles métaboliques (insuffisance en sels
minéraux et en oligoéléments).
b) la
prise d’aliment : L’observation de l’animal entrain de manger
doit se faire si possible dans son endroit habituel et par rapport à ses
congénères.
Les
bovins prennent l’aliment avec la langue et les plus fins sont pris avec les
lèvres. Cette action peut être entravée lors : -douleurs au niveau de la
bouche, langue (inflammation, blessure, fracture des maxillaires…)
-contraction
des masséters : trismus (tétanos).
-crampes
passagères (intoxications au plomb).
-paralysie
du pharynx (rage).
-botulisme.
c) la
mastication : Les troubles peuvent être dues à :
-
inflammation dentaire, glossite.
-abcès,
phlegmon, fracture.
-aphtes
buccaux, corps étrangers.
d) La
déglutition : pour bien apprécier le passage des bols
alimentaires, le praticien doit se placer à gauche de l’animal et voir
l’aliment passer sous forme d’ondes péristaltiques. Elle devient difficile
quand il ya un problème au niveau du pharynx ou l’œsophage (phlegmon, corps
étrangers, paralysie ou œdème du pharynx, abcès). Ceci se traduit par un
ptyalisme vers l’extérieur, et par la toux.
e) La
soif : Les besoins en eau chez un bovin dans des conditions
climatiques moyennes lorsque l’alimentation est sèche (foin) sont de 50 à 80
litres et de 20 à 40 litres lorsque la ration est composée de vert.
*polydipsie :
augmentation de la consommation d’eau qui peut être physiologique ou
pathologique ( femelles productrices de lait, temps chaud, effort, fièvre,
diarrhée, diabète, néphrite…)
*Adipsie :
diminution ou non consommation de l’eau (fièvre aphteuse, stomatite, gingivite,
douleur dentaire, rage…)
f) La
rumination : Elle a une importance fondamentale pour le
déroulement normal de la digestion dans le rumen :
-
Elle sert au broyage complémentaire des aliments à grosses fibres.
-
Régulation du PH du rumen.
Elle
commence en général ½ à 1H1/2 après les repas, et compte généralement 4 à 24
cycles de ruminations par jours de 10 à 60 mn chacun.
Troubles de la rumination : Peut-être
dus à des lésions au niveau de la bouche, pharynx ou rumen (corps étrangers,
sténose stomacale, parfois atteinte de l’état général.
g) L’éructation :
C’est le bruit de rot, qui correspond au rejet vers l’extérieur des
gaz de fermentations. Tout trouble se traduit par une météorisation.
h) Régurgitation,
vomissement : -si les matières ont une consistance liquide
avec des éléments broyés à odeur caractéristique → panse → vomissement.
- si
ce sont des bols alimentaires mélangés à la salive, couleur clair, peu
mastiqués → œsophage → régurgitation.
Ces
troubles apparaissent lors de sténose, irritation, formation tumorales de
l’œsophage, contenu toxique du rumen…
i)
Défécation : L’aspect des fèces nous donne la nature de l’aliment,
les bovins expulsent des matières fécales : 10 à 24 fois / jours ce qui
constitue 30 à 50 Kg.
Les
troubles de défécations sont :
-spasmes
→ contractions quand il ya un problème pour expulser (constipation).
-ténesmes
→ douleurs à partir du spasme (coliques).
1-
L’appareil digestif proprement dit :
a)
Cavité buccale, pharynx :
avant d’examiner la bouche il faut s’assurer que l’animal ne présente aucun
signe de rage à cause du danger de contamination.
L’examen
effectué au niveau de la bouche est l’inspection : l’ouverture
de la bouche se fait à l’aide des mains en tirant la langue vers l’extérieur ou
à l’aide d’une cale( speculum buccale) placée entre les molaires.
Les
points à examiner sont : -la force développée par les maxillaires.
-aspect
des muqueuses, dents et maxillaires.
-la
langue et les glandes salivaires, ganglions lymphatiques.
-présence
de corps étrangers.
b) Œsophage :
nécessite l’inspection et la palpation.
*inspection :
examiner l’animal du coté gauche dans la région de la gouttière
jugulaire et suivre le cheminement des bols alimentaires afin d’observer :
-la régurgitation et l’hypertrophie.
Mais
afin de mieux apprécier il est possible de réaliser un sondage qui est une méthode
utilisée à des fins diagnostique et thérapeutique.
*palpation :
La palpation de l’œsophage doit se faire des deux cotés, commencer
la palpation à la hauteur du pharynx, au dessus de la trachée.
Le
clinicien recherche :-les augmentations de volumes
-les
traumatismes, douleurs.
-rétrécissement,
paralysie.
-élargissement
(méga œsophage)
c) Le
rumen : L’aire de projection du rumen est constaté à gauche de
l’animal, il s’étend de la coupole diaphragme jusqu’à l’entrée du bassin. Il peut être examiné au niveau du
creux du flanc.
Son
examen comporte les quatre temps d’examen clinique : inspection,
palpation, percussion, et auscultation.
*inspection : se
fait pour connaître l’état de réplétion (plénitude) c’est à dire la surcharge
des aliments dans le corps.
*palpation :
afin d’apprécier l’intensité des mouvements moteurs du rumen :
a)
l’augmentation du nombre des mouvements moteurs : peut
être physiologique ou pathologique :
physiologique : après le repas ou pendant la rumination, le nombre passe de
6 mvts/mn à 12 mvts/mn.
Pathologique : syndrome d’hoflund de type I.
b)La
diminution du nombre des mouvements moteurs : peut être physiologique ou
pathologique :
physiologique : animaux en diète.
Pathologique :
atonie lors de RPT, putréfaction du contenu du rumen, syndrome
d’hoflund II, maladies générales…
*percussion :
se fait directement avec un marteau , donner des coups anarchiques
faibles pour habituer l’animal ensuite réaliser convenablement la percussion.
Normalement
les sons obtenus sont :
-tympanique :
1/3 supérieur (zone de gaz).
-submat :
1/3 moyen (zone de fourrage).
-mat :
1/3 inférieur (zone de liquide).
La
percussion peut aussi nous renseigner sur la douleur si elle existe.
*auscultation :
directe avec l’oreille posée sur un torchon ou indirecte avec le
stéthoscope.
les
renseignements obtenus sont des bruits de cascade (contraction du rumen) et des
bruits de crépitations (sel sur le feu) montrant l’activité fermentaire de la
microflore.
La
diminution des bruits est rencontrée dans l’indigestion avec acidification du
rumen et dans la putréfaction.
Examen du suc ruménal
Le but est de prélever le contenu du rumen (aspiration par une
sonde ou ponction par des seringues spéciales) afin de connaître les caractères
physiques, chimiques, et biologiques.
1-caractères
physiques : tests de flottaison: permet
d’apprécier le sédiment, le liquide, et le surnageant.
A
l’état normal la couleur est jaune vert avec présence du sédiment +surnageant.
*blanc : sédiment et surnageant absents = acidose.
*liquide très visqueux lors d’indigestion.
2-caractères
chimiques : PH normal=6-7
Diminue
si la ration est à base de céréales, parfois il est inférieur à 4 lors
d’acidose aiguë.
3-caractères
biologiques : Recherche des
protozoaires et des bactéries :
-le taux normal des protozoaires est de 10 puissance 6 de jus de
rumen. Ils disparaissent après 24h de jeûne.ces protozoaires sont rares lors de
putréfaction et absents lors d’acidose.
-le taux de bactéries est de 10 puissance 10 du contenu ruménal, ce
sont des G+ et des G-.
Lors
d’acidose les G- disparaissent.
d) Le réseau : contribuant dans le phénomène de
rumination il est appelé aussi « organe de rejet », il est situé
entre la 6ème et 7ème cote, touche le diaphragme, il est
très prés du cœur.
Sa position intra thoracique ne permet ni son inspection ni sa
palpation. L’examen effectué sera la percussion et l’auscultation.
*percussion : se fait au niveau de l’aire de projection sur
les deux cotés droit et gauche :
-aire
gauche : À coté du diaphragme, entre l’ombilic et la pointe de l’épaule.
-aire
droite : À coté du diaphragme, à un travers de main au dessous de la ligne
qui relie l’ombilic et la pointe de l’épaule.
Les
sons normaux à ce niveau sont de caractères plus ou moins mat ressemblant à
ceux du rumen région inférieur.
Le
but de la percussion est la recherche de corps étrangers, pour ceci on peut
réaliser plusieurs épreuves :
·
Epreuves du garrot :
plisser la peau du garrot du bovin, en cas de douleur l’animal va avoir du mal
à abaisser son dos et va pousser des gémissements.
·
Epreuves médicamenteuse : La pilocarpine est utilisée dans cette épreuve, elle entraine des
gémissement provoqués par la migration du corps étranger.
·
Epreuve du plan incliné :
placer le BV sur un plan incliné tète en bas, la pression du rumen va augmenter
sur le réseau et la douleur due au corps étranger va s’accentuer.
·
Epreuve hématologique :
il Ya leucocytose neutrophiles du faite de l’inflammation produite par le corps
étranger (RPT) reticulo péritonites traumatiques
*auscultation : se fait sur le côté gauche au niveau de l’aire
de projection (extrémité inférieure entre la 6ème et 7ème
cote). Les bruits entendus sont des bruits de gargouillements suivis de bruits
de liquides. D’autres bruits sont entendus : éructation, rumination, déglutitions…
La contraction du réseau a lieu en moyenne toutes les 50 secondes,
des plaintes sont émises au moment de contractions de cet organe lorsqu’il est
gravement atteint.
e) le feuillet : très rarement atteint, son aire
de projection est entre la 8ème et la 11ème cote à la ½
inférieure de la longueur des cotes.
Nous pouvons effectuer une palpation-pression pour mettre en
évidence une sensibilité. La percussion donne des résultats plus nets que la
palpation profonde.
A l’état normal le son est submat qui devient plus fort si il ya
hypertrophie et disparaît lorsque l’organe est réduit (contracté)
L’auscultation : donne des bruits de froissement permanent qui
diminue lors d’indigestion de feuillet.
f)
la caillette : elle est placée sur la paroi abdominale droite, son
aire de projection est différente selon l’âge
(souvent entre la 6ème et 10ème cote)
* de
l’hypochondre au bassin chez le veau
*n’atteint
que la 1ère vertèbre dorsale chez l’adulte (1/9 du rumen)
Les techniques d’examen réalisées sont : palpation,
percussion, et auscultation.
*palpation-pression : peut se réaliser entre la 6ème
et la 10ème cote, mais ne donne pas de bons résultats du faite que
la paroi abdominale est extrêmement tendue par suite du poids des viscères.
*percussion : Subtympanique ou sub mat
(selon l’état de remplissage) et lors de déplacement de la caillette vers la
gauche la percussion donne un son tympanique (contient des gaz).
*auscultation : utile dans le déplacement ou torsion et dans
la dilatation de la caillette.
-déplacement de la caillette → gargouillement
-torsion →mat (accumulation de liquide)
Prélèvement du jus de caillette :
*chez le veau le prélèvement du jus de caillette se fait par
aspiration grâce à une sonde de
12 cm
*chez l’adulte par une aiguille de 4 à 8 cm.
-normalement le suc est plus
clair que celui du rumen, son odeur est acide et le PH se situe entre 2 et 4, mais
il est modifié lors de pathologie:
*5-7
→ mélangé avec du sang (torsion grave)
ou avec de la bile (gastrite chronique)
*1.8 à 2.5
avec aspect laiteux → déplacement à gauche.
-Autres examens: *laparoscopie.
*laparotomie.
g) Les intestins : Ils
occupent les 2/3 de la moitié droite de la cavité abdominale (récessus intestinales).
Examen des intestins : Les
4 temps classiques sont moins déterminants que l’exploration rectale et la
laparotomie exploratrice, quand à l’examen des fèces il apporte des éléments
importants pour l’établissement d’un diagnostic (parasitologie, bactériologie,
virologie..)
1-
inspection:
si l’observation révèle une déformation du flanc droit avec un renflement
cylindrique plusieurs possibilités peuvent être envisagées :
*dilatation ou déplacement du cæcum.
*torsion
du colon ou IG.
*tympanisme
intestinale.
2-palpation:
Lors des cas cités ci dessus une tension abdominale anormale avec sensibilité à
la palpation-pression.
3-percussion:*son
subtympanique au niveau du 1/3 sup du flanc droit(région intestinale dorsale).
*son
submat (région intestinale ventrale).
*sons
anormaux : la présence de son mat en région dorsale ou tympanique en
région ventrale montrent une anomalie de la région : dans la position ou
dans le remplissage.
4-auscultation: -normalement aucun
bruit intéressant n’est apporté par cet examen sauf: des crépitements et des
glouglous.
-elle devient intéressante lors
d’inflammation, ascite. Les sons entendus sont des sons métalliques (tintinnabulants).
5- autres examens: -ponction afin
d’évacuer les gaz.
-Exploration rectale
-Laparotomie exploratrice
-Examen des fèces
L’exploration rectale l’examen
des intestins par voie transrectale concerne le rectum et les autres portions
de l’intestin, il faut s’intéresser à l’état de : sa surface, épaisseur,
contenu (qualité et nature), tension de sa paroi, sensibilité et adhérences.
Données
pathologiques:
-muqueuse sèche, épaisse, saignante représente
une entérite.
-muqueuse sèche et collante est
signe d’iléus ou volvulus.
-rétrécissement de la lumière → œdème,
hématome, abcès, tumeur…
-Élargissement de la muqueuse
anale →
paralysie.
-Ganglions mésentériques
hypertrophiés → entérite récente.
-Portions nouées qui adhèrent au
péritoine, palpation de tranches intestinales remplies de gaz obstruction (volvulus).
-Sensation de ballon (chambre à air)
à droite → dilatation et torsion du
cæcum et colon.
0 التعليقات:
Enregistrer un commentaire