DEFINITION
La
fièvre charbonneuse(ou charbon bactéridien) est une maladie infectieuse
d’origine tellurique affectant les mammifères, principalement les herbivores,
et transmissible à l’homme due à une bactérie : Bacillus anthracis.
Chez
les animaux, elle se présente généralement sous la forme d’une maladie aigue,
septicémique, évoluant rapidement vers la mort avec des symptômes généraux,
circulatoires, digestifs et urinaires.
Les
lésions principales sont celles d’une septicémie hémorragique associée, en
particulier, à une hypertrophie et un ramollissement de la rate et une
modification de l’aspect du sang devenu noir et incoagulable.
ESPECES AFFECTEES
Toutes
les espèces de mammifères, domestiques ou sauvages, peuvent être atteintes.
Les
plus exposées: les herbivores, en particulier les ruminants.
Elle
touche aussi les carnivores nourris avec des viandes infectées.
Zoonose grave
(contamination cutanée, digestive ou respiratoire).
REPARTITION
GEOGRAPHIQUE-IMPORTANCE
Maladie universellement répandue.
Maladie
susceptible de provoquer des pertes
importantes par mortalité du bétail, mais souvent jugulée par la pratique de la
vaccination.
Possibilité
d’importation accidentelle par l’intermédiaire de poudre d’os destinée à la
fabrication des aliments du bétail.
Importance
hygiénique: zoonose grave transmise à l’homme essentiellement par piqûre.
Maladie
importante au titre du bioterrorisme.
ETIOLOGIE
Due
à un bacille Gram+, immobile, capsulé et sporulé, Bacillus anthracis. Identification
par PCR.
La
spore est l’élément de résistance dans le milieu extérieur.
La
sporulation est conditionnée par:
- La présence d’O2 libre
(pas de sporulation in vivo).
- Une température optimum (l8°C
<T< 42°C).
- Une humidité suffisante.
La
culture de B. anthracis est aisée (½ gélosés enrichis).
Pouvoir
antigénique lié à des antigènes polyosidiques thermostables recherchés par la
réaction d’Ascoli (utilisation à des fins diagnostiques).
Pouvoir
immunogène lié l’Ag protecteur.
Seuls
les vaccins préparés à partir de souches atténuées vivantes sont efficaces
(anticorps protecteurs dirigés contre la toxine).
ETUDE CLINIQUE
- INCUBATION
4 à 8 jours en moyenne (minimum: 2jours;
maximum ≈15 jours).
- SYMPTOMES
- Bovins
*forme aigue: charbon septicémique.
Atteinte brusque de
l’état général avec:
-
frissons, élévation thermique (T: 41-42°C), arrêt de la sécrétion
lactée.
-
12-24h plus tard: développement de troubles respiratoires et
circulatoires avec: dyspnée, accélération du rythme cardiaque, congestion puis
cyanose des muqueuses, parfois ecchymoses.
-
Signes digestifs avec coliques, diarrhée avec selles sanguinolentes, épreintes,
ténesmes.
-
Signes urinaires (tardivement): pissement de sang.
Mort en 2-3 jours en
moyenne.
*Formes suraiguës: symptômes plus
accusés et mort en 6 à 12h.
*Forme subaiguë: charbon à
tumeur.
-Réaction œdémateuse
(20 à 30 cm de diamètre), chaude, douloureuse, non crépitante, (gorge ou entrée de la poitrine).
-Signes identiques à
ceux de la forme aigue.
-Mort en 4 à 5 jours (guérison rare).
*formes frustes: atteinte fébrile
inconstante et transitoire.
- Petits ruminants
Evolution identique
à celle observée chez les bovins.
-Les formes
suraiguës plus fréquentes avec signes urinaires marqués et précoces.
-Mort en 24 -48 h en
moyenne.
-Chevaux
Maladie identique avec prédominance des signes
digestifs et évolution moins rapide en 3 à 6jours.
- Carnivores
Symptômes généraux
de septicémie hémorragique rapidement mortelle.
Parfois œdème du
pharynx et de la langue.
LESIONS
*Lésions
essentielles
- Sang noirâtre, épais, poisseux, incoagulable.
- Rate hypertrophiée (× 5), globuleuse, noirâtre,
flasque, fragile, de consistance boueuse (« sang de rate »).
- Urine sanguinolente, congestion rénale intense.
*Autres lésions
Congestion généralisée, carcasse d’aspect
fiévreux et foncée, sans rigidité cadavérique.
EPIDEMIOLOGIE
*Analytique
- Source de germe
Le sol contaminé par
les spores constitue le véritable réservoir de la maladie.
Le sang et tous les
tissus sont virulents ( septicémie) ainsi que les excrétions des malades .
Le danger est
surtout représenté par le cadavre.
Pas de portage
chronique.
- Résistance
La forme végétative
de B. anthracis est très fragile.
La spore, par sa
résistance assure la pérennité de la maladie.
Remarque
La
sporulation ne peut se réaliser dans les cadavres qu’auprès des orifices
naturels (présence d’air), sauf si le cadavre est dépouillé, éviscéré, tailladé
ce qui permet la formation de spores.
- Transmission
Transmission,
le plus souvent, indirecte par l’ingestion d’aliments souillés par la terre
polluée ou des aliments du bétail préparés à partir de matières premières
contaminées, consommation par les carnivores de viandes infectées.
Possibilité
de transmission indirecte par piqûre (rôle des Tabanidés) ou contamination
d’une plaie.
Possibilité
d’infection inapparente avec immunité occulte dans les zones d’enzootie.
*Synthétique
La
F C est une maladie tellurique, enzootique dans certaines régions dont le sous
-sol pollué par des spores (enfouissement des cadavres).Les spores remontent à
la surface sous l’action des vers de terre, des inondations, mouvement de la
nappe phréatique, travaux de drainage et divers (charbon de résurgence).
Le
sol pollué est à l’origine de la contamination des herbivores qui ingèrent
l’herbe souillée par la terre. La maladie sévit en été sur les animaux mis en
pâture sur les terrains contaminés.
La
présence des Tabanidés en grande quantité peut favoriser le développement
d’épizooties.
La
F C peut être aussi, une maladie d’importation par l’intermédiaire d’aliments
complets préparés à partir de matières premières contaminées (peut survenir en
toute saison, en tout lieu, sur des espèces variées, dans différents élevages clients
du même fabricant d’aliment.
Chez
les carnivores, la F C est un épiphénomène révélant des foyers telluriques
autochtones ou d’importation.
DIAGNOSTIC
- Epidémio- clinique
*Eléments de suspicion: maladie
aigue fébrile, d’allure septicémique et asphyxique, avec hématurie et tumeur
non crépitant centrée sur un groupe ganglionnaire, mortelle en 2 à 3 jours en
moyenne.
*Sur le cadavre: tumeur
gélatineuse, rate hypertrophiée et boueuse, sang noir et incoagulable,
congestion des nœuds lymphatiques, congestion intestinale et hématurie(les
lésions sont rapidement modifiées par une putréfaction précoce).
La
suspicion est renforcée si des cas surviennent sur des animaux en pâture dans
des « régions à charbon » ou si une flambée de cas survient dans un élevage
utilisant un nouveau lot d’aliments complets
- Diagnostic
différentiel
Avec toutes les
maladies rapidement mortelles telles que:
*Intoxication par
chlorates ou nitrates et par certaines plantes(fougère aigle, mercuriale, ….),
mort par fulguration, septicémies gangreneuses et entérotoxémies, leptospirose,
charbon symptomatique…… chez les bovins
et petits ruminants;
*Coliques,
intoxications, peste équine, anémie infectieuse, piroplasmose, chez les
équidés;……..
- Expérimental
Fondé exclusivement
sur la recherche du bacille.
*Prélèvements: organes
prélevés sur le cadavre (rate, nœuds lymphatiques, os long). Possibilité
d’hémoculture sur l’animal vivant.
- Diagnostics
de laboratoire utilisés:
*Bactérioscopie
(frottis de rate …..), culture (risque d’erreurs par défaut en cas de
putréfaction prononcée du cadavre), voire inoculation à l’animal (cobaye).
*Mise en évidence de
l’antigène thermostable par précipitation en milieu liquide (réaction d’Ascoli)
à partir d’un fragment d’organe, avec un sérum précipitant spécifique.
*Développement de
techniques de PCR in situ.
Traitement
Sensible
à de nombreux antibiotiques mais l’antibiotique de choix est la pénicilline
10000UI/kg/jour (maintenu jusqu’à au moins 24heures après normalisation de la
température).
Efficacité
conditionnée par la précocité du traitement. Un traitement symptomatique
(analeptiques cardiovasculaires) peut être également nécessaire.
Prophylaxie
- Sanitaire
*Elle
tient compte de d’origine de la contamination, charbon tellurique (ne pas
utiliser en pâture les zones reconnues
comme contaminées) ou charbon d’importation (importation limitée à des
matières premières stérilisées).
*Dans le milieu infecté: isoler et
traiter les malades dans un local facile à désinfecter (soude à 10%, formol à 5
%), brûler les litières contaminées, éliminer les cadavres vers le clos
d’équarrissage, proscrire saignées et autopsies sur place.
*Désinfecter des effluents (purins,
lisiers) par le chauffage à 70°C, 3 fois à 24h d’intervalle pendant 1 heure.
- Médicale
*Nécessaire
en zone contaminée (charbon tellurique)
*L’emploi de vaccins à bacilles atténués
vivants présentés sous la forme d’une suspension de spores associées à un
adjuvant.
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