par : Pr. B.MAMACHE
LA
RHINOTRACHEITE INFECTIEUSE BOVINE (I.B.R)
INTRODUCTION
La
rhino-trachéite infectieuse bovine (I.B.R.), le complexe diarrhée virale
bovine-maladie des muqueuses (B.V.D.-M.D.) et l’infection à virus syncytial
(V.R.S.) demeurent un problème d’actualité à cause des pertes économiques
qu’elles occasionnent [19-28-31]. Les trois virus responsables sont impliqués
seuls ou en association avec d’autres virus ou bactéries dans les maladies
respiratoires. Les virus du B.V.D. et de l’I.B.R. sont également responsables
des troubles de la reproduction tels les avortements. La mortalité et
l’infertilité [19-28].
De
plus, le virus de B.V.D. est incriminé dans des infections digestives
intervenant à tout âge chez les bovins.
Les
résultats de nombreux travaux montrent que l’industrialisation de l’élevage
favorise l’éclosion de ces infections et engendre des pertes économiques
importantes.
FRÉQUENCE
La
rhino-trachéite infectieuse bovine à été identifiée aux Etats-Unis, au Canada,
en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud et en
Europe ; elle apparait de préférence dans les groupes d’animaux importants
qui sont à l’engraissement et dans les grandes fermes laitières.
La
maladie n’est pas toujours mortelle, et les pertes sont due surtout à
l’avortement, à la chute de poids et à la baisse de la lactation.
Les
taux de morbidité et de mortalité varient considérablement. Ils sont inférieurs
chez bovins laitiers (8% de morbidité et 3% de mortalité) à ce qu’ils sont chez
le bœuf à l’engrais, ou la morbidité est ordinairement 20-30% et le taux de
mortalité de 6-12%.
ÉTIOLOGIE
Un
virus du groupe de l’herpes a été isolé des malades. Il est capable de cultiver
sur culture de tissu et de reproduire la maladie respiratoire, l’avortement, la
conjonctivite et après inoculation intracérébrale, l’encéphalite.
Le
virus ne peut être transmis à la chèvre, au cobaye, à la souris blanche ou à
l’œuf de poule embryonnée. Le cerf est réceptif et peut être une source
d’infection pour les bovins.
Les
bovins de tous âges et de toutes races sont sensibles à l’inoculation
expérimentale, mais la maladie naturelle est plus fréquente chez les sujets
âgés de plus de 6 mois, probablement à cause des plus grands risques de
contamination qu’ils courent.
La
saison n’exerce aucune influence, sauf peut être qu’en automne, on rencontre la
maladie plus fréquemment dans les lots des bovins à l’engrais. La guérison
entraine une forte immunité qui dure au moins 3 mois.
Le
virus de la rhino-trachéite infectieuse est le même que celui de la
vulvo-vaginite pustuleuse infectieuse des femelles bovines, mais les deux traductions
cliniques n’apparaissent pratiquement pas ensemble.
L’observation
selon laquelle le virus commun à la rhino-trachéite et la vulvo-vaginite est
également identique à un virus européen qui provoque une vaginite infectieuse,
pose un problème d’épizootiologie.
On
a mis l’hypothèse que le virus avait été transporté en Amérique du Nord par des
bovins infectés venant d’Europe, mais dans cette aire géographique, il ne
provoquait que des lésions génitales ; jusqu’à ce que, rencontrant des
populations bovines à plus forte densité en lots d’engraissement, il se soit
adapté par passage en série à l’appareil respiratoire.
L’apparition
ultérieure d’encéphalite et d’avortements, qui ne produisaient pas au début de
l’existance de la rhino-trachéite infectieuse montre bien que le virus est
encore en cours d’adaptation.
TRANSMISSION
L’infection
expérimentale a été réalisée par injection intramusculaire et par instillation
de produits de lavages nasaux de bovins infectés A
de virus cultivé sur culture de tissu, dans l’appareil respiratoire et sur la
muqueuse conjonctive.
Comme
le virus semble avoir sa plus grande concentration dans l’appareil
respiratoire, l’exsudat nasal et les gouttelettes expulsées par la toux doivent
être considérés comme la source principale de l’infection.
L’introduction
d’animaux dans un groupe précède souvent une enzootie, cependant la maladie
peut surgir brusquement avec simultanéité dans plusieurs fermes laitières d’une
région et de là s’étendre aux fermes voisines jusqu’à ce que la région tout
entière soit atteinte.
Une
épizootie atteint ordinairement son intensité maximale au cours de la seconde
ou de la 3ème semaine, et elle se termine vers la 4ème ou
la 6ème semaine. Le virus ne semble pas persister longtemps chez les
malades guéris, mais des émissions intermittentes de virus par la muqueuse
nasale, pendant 17 mois après l’infection expérimentale.
La
transmission par le sperme infecté a été démontrée.
PATHOGÉNIE
L’invasion
générale par le virus se produit et on assiste à une virémie passagère, les
localisations ultérieures pouvant donner soit l’encéphalite soit l’avortement.
L’inoculation
expérimentale du veau donne des résultats constants : de la fièvre et,
après inoculation nasale ou conjonctivale, une conjonctivite marquée avec
larmoiement, il ya une pneumonie évidente avec rhinite, bronchite, certains
sujets font une encéphalite non purulente.
L’inoculation
parentérale de la vache entraine la nécrose fœtale et l’avortement.
SYMPTÔMES
Après
infection expérimentale, il y a une période d’incubation de 3 à 7 jours, mais
dans un lot infecté la maladie apparait 10 à 29 jours après l’arrivée de bovins
réceptifs.
Des
symptômes graves apparaissent soudainement, ils comportent l’anorexie, la fièvre
(42°C), une congestion intense de la muqueuse nasale, un écoulement séreux des
yeux et du nez, une augmentation de la salivation et un peu
d’hyperexcitabilité.
Une
chute spectaculaire de la lactation peut être le premier signe chez la vache.
La respiration est accélérée et courte, mais les poumons restent normaux à
l’auscultation.
La
gène respiratoire est très visible après exercice. Une toux courte et explosive
a été signalée comme caractéristique dans certaines épizooties, mais on ne la
retrouve pas dans d’autres épizooties.
Des
cas de mort subite se produisent parfois dans les 24 heures qui suivent le
début des premiers symptômes ; la cause doit en être rapportée à une
bronchiolite étendue.
Dans
le bétail laitier où la maladie revêt sa forme la plus bénigne, les symptômes
peuvent ne plus s’aggraver au-delà de ce niveau. La température revient à la
normale en 1 jour ou 2, et la guérison est complète en 10 à 14 jours.
Chez
le bétail de viande à l’engrais, la maladie dure souvent plus longtemps.
La
période de la fièvre est plus longue, le jetage nasal devient plus abondant et
purulent, la période de convalescence est prolongée. Certains cas mortels
peuvent se produire au cours de la phase fébrile aigue, mais la plupart de ces
cas sont due à une bronchopneumonie secondaire et ils surviennent après une
maladie qui a duré 4 mois, au cours desquels une dyspnée grave, une anorexie totale
et un décubitus permanent à la fin ont été les symptômes cardinaux.
Certaines
vaches guéries ont une respiration stertoreuse permanente, leur muqueuse nasale
est épaissie, rugueuse et elles ont un jetage nasal persistant.
La
conjonctivite est un signe courant mais pas constant, elle peut toucher un seul
œil ou les deux yeux, on la confond avec la kérato- conjonctivite due à
Moraxella bovis ; cependant les lésions sont réservées à la conjonctivite
et il n’y a pas d’invasion de la cornée. La conjonctivite est rouge et
tuméfiée.
On
note un écoulement oculaire, d’abord séreux, mais pas d’ulcération cornéenne.
Les
veaux de moins de 6 mois peuvent faire une encéphalite, avec incoordination,
excitation avec abattement et taux de mortalité élevé.
La
salivation, les beuglements, les convulsions et la cécité sont également
signalés.
L’avortement
est une suite fréquente, il survient quelques semaines après la maladie
clinique, surtout chez les vaches pleines de 6 à 8 mois. Il s’ensuit souvent la
rétention placentaire. Cependant, on connait des cas d’endométrite, de
stérilité et de raccourcissement de l’œstrus, après insémination par un sperme
infecté. Le virus de la rhino-trachéite a été isolé dans du sperme maintenu en
congélation depuis 12 mois.
EXAMENS DE LABORATOIRE
a) Matériels :
L’échantillonnage
a concerné d’une part, des bovins de races sélectionnées et d’autre part, des
bovins des populations locales. Le nombre de prélèvements par exploitation
varie selon la taille de celle-ci. Les prélèvements de sang se fait au niveau
de la veine jugulaire (technique ELISA) (méthode quantitative), cette méthode
est très fiable et très spécifiques, son inconvénient majeur étant son coût
élevé.
b) Méthode :
La
méthode ELISA (Enzyme Linked Immuno Sorbent Assay) est une méthode enzymatique
qui permet de détecter les anticorps antivirus de l’I.B.R. (IgG anti I.B.R.)
c)
Discussion :
Le taux des séropositifs varie selon la taille de l’exploitation, car les grandes exploitations ainsi que les moyennes semblent être largement contaminés par l’I.B.R.. Ce phénomène pourrait être lié à la concentration des animaux et au niveau d’hygiène des étables.
L’âge
des animaux ne parait pas avoir une influence sur la maladie mais ce résultat
doit être pris sous réserve d’être confirmé sur un nombre plus important de
prélèvement concernant la tranche d’âge inférieure à 5 mois.
LESIONS
Les
lésions macroscopiques sont réservées au mufle, aux cavités nasales, au
pharynx, au larynx, à la trachée et elles se terminent dans les grosses
bronches.
Il
peut y avoir de l’emphysème pulmonaire ou de la bronchopneumonie secondaire,
mais la plus grande partie des poumons reste normale.
Dans
les voies aériennes supérieures, l’inflammation est de degré variable :
- dans les cas bénins ;
il y a gonflement et congestion de la muqueuse, des pétéchies peuvent être
présentes avec une quantité moyenne d’exsudat catarrhale.
- dans les cas graves :
l’inflammation est plus intense, l’exsudat est abondant et fibrino-purulent.
Lorsque
l’exsudat est élevé, la muqueuse est intacte sauf en ce qui concerne des petits
foyers de nécrose sur la muqueuse nasale.
Les
ganglions lymphatiques de la gorge et du cou sont ordinairement gonflés et
œdémateux.
L’invasion
bactérienne secondaire provoque une réaction de nécrose plus intense, suivie
habituellement par une broncho-pneumonie.
Les
avortons présentent une autolyse moyenne et une hépatite nécrosante localisée.
L’encéphalite
est caractérisée par des lésions virales typiques, notamment dans le cortex
cérébral et la capsule interne.
DIAGNOSTIC
L’apparition
d’une maladie infectieuse, non mortelle, affectant seulement les parties
supérieures de l’appareil respiratoire des bovins doit suggérer le diagnostic
de rhino-trachéite.
La
diphtérie du veau peut ressembler à la rhino-trachéite infectieuse, mais elle a
des lésions buccales typiques, elle donne une toxémie marquée et elle présente
une faible morbidité mais une mortalité élevée.
La
plus grande difficulté que l’on rencontre dans une épizootie de rhino-trachéite
est de la différencier de la rhinite allergique aigue. Cette dernière
n’apparait généralement par de façon explosive et la réaction de la fièvre est
moins intense. On a montré que la rhino-trachéite pouvait préparer le terrain
pour le granulome nasal.
TRAITEMENT
Il
n’y a pas de traitement spécifique, mais on doit prévenir les surinfections
bactériennes avec des antibiotiques à large spectre d’activité.
PROPHYLAXIE
a) Prophylaxie sanitaire :
Les
malades doivent être isolés dés que les symptômes apparaissent, car un contact
étroit semble nécessaire à la contagion.
b) Prophylaxie
médicale :
Vaccination
à l’aide d’un vaccin préparé par modification du virus grâce aux passages sur
culture de tissu.
Primo-vaccination : 2 injections à un mois d’intervalle, puis
rappels annuels. Le vaccin a prouvé
qu’il constitue une bonne mesure de prophylaxie dans les lots d’engraissement
(veau de boucherie).
La
vaccination par un vaccin à virus inactivé, préparé sur culture cellulaire et
contenant un adjuvent huileux :
- dans un milieu menacé ou infecté : 2 injections par voie sous cutanée à 7 – 30
jours d’intervalle. Dès la naissance chez les veaux issus de mères infectées ou
vaccinées.
La
protection s’installe après 4 à 15 jours de la première injection de la
primo-vaccination, elle persiste environ 1 an et elle est entretenue par des
injections de rappel annuel.
- dans un milieu infecté,
il est conseillé de faire un premier rappel chez les jeunes 6 mois après la
primo-vaccination.
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