par : Pr. B.MAMACHE
MALADIE
DES MUQUEUSES
(DIARRHÉE
A VIRUS DES BOVINS)
DÉFINITION
La
maladie des muqueuses est affection bovine, caractérisée surtout par des
lésions de la muqueuse digestive, qui évolue en règle générale sur un mode aigu
et qui est vraisemblablement transmise par contact. Elle s’extériorise par de
l’hyperthermie et de la leucopénie auxquelles font suite divers autres
symptômes (inappétence, hypersécrétion salivaire et jetage, érosions et ulcères
de la muqueuse buccale et de la peau entre les onglons, diarrhée et
déshydratation). L’agent de la maladie des muqueuses est un virus de la famille
des Togaviridae. Genre Flavivirus.
Rq : les termes de « diarrhée à virus » et de
« maladie des muqueuses » doivent être considérés comme synonymes.
PATHOGÉNIE
La
transmission de la maladie des muqueuses au sein d’un élevage se fait par contact.
L’infection
est transmise par la bouche par suite d’une excrétion du virus par la bouche et
dans les fèces. Les animaux de 8 mois à 2 ans sont les plus sensibles à
l’infection. La majorité des animaux sont porteurs d’anticorps dont les titres
n’augmentent pas ou exceptionnellement. Le taux de morbidité est généralement
élevé, alors que le taux de mortalité est habituellement d’environ 5%.
La
maladie sévit de préférence en hiver et au début du printemps. Toutefois, dans
certains pays les éclosions des foyers s’étendaient sur toute l’année
(Angleterre), de plus, les animaux au pâturage et ceux à l’étable sont frappés
de la même manière.
SYMPTÔMES
La
maladie des muqueuses évolue sous deux formes : aigue ou chronique, dont
la forme aigue semble plus fréquente que la forme chronique.
* Lors de la
forme aigue, l’incubation est en moyenne de 5 à 9 jours. Les premiers
signes morbides sont constitués par une fièvre élevée et de la leucopénie. La
fièvre peut rétrocéder au bout de 1 à 2 jours ou bien persister 3 à 5 jours,
puis s’installent une hypersialie, des coliques et une diarrhée violente
parfois hémorragiques qui peut persister pendant plusieurs jours. On note à ce
stade des érosions et des ulcères des lèvres, de la langue, des gencives et du
palais.
Les
lésions peuvent siéger sur le mufle, les narines, la vulve et assez souvent
entre les onglons. Les lésions buccales guérissent parfois de manière
extraordinairement rapide. Les symptômes généraux sont les suivant :
inappétence totale, soif intense, abattement, cessation de la lactation et de
la rumination, amaigrissement et déshydratation. Les femelles gravides peuvent
avorter à la suite d’une infection infra-clinique.
* La forme
chronique se développe soit après une forme aigue soit après une infection
infra-clinique. La maladie revêt alors une évolution s’étendant sur des mois et
elle est caractérisée par des accès fébriles et des crises de diarrhées
répétées, les ulcérations de la cavité buccale et de la peau entre les onglons,
l’amaigrissement, le tarissement de la sécrétion lactée et les avortements.
LÉSIONS
Les
lésions présentent de grande différence d’un foyer à l’autre, d’un animal à
l’autre. Les lésions du tractus digestif occupent le devant de la scène. Des
érosions et des ulcères se rencontrent au niveau de la muqueuse de la bouche,
de l’œsophage et de la caillette, plus rarement sur le rumen, le réseau et le
feuillet. Les érosions sont précédées par des soulèvements gris ou brunâtres de
la muqueuse. Le contenu de l’intestin grêle et du gros intestin est aqueux et
nauséabond. Il renferme du mucus et des caillots sanguins. La muqueuse est
congestionnée, œdémateuse, semée d’hémorragies et d’ulcérations épithéliales
qui siègent le long du tube digestif. Des érosions et des ulcères se situent
assez souvent au niveau des espaces interdigités. Elles peuvent se retrouver
sur les lèvres, le mufle, la muqueuse nasale, les lèvres de la vulve, le
pharynx et le larynx. Les lobules antérieurs des poumons peuvent présenter des
foyers de pneumonies. Les autres organes ne montrent généralement pas de
lésions visibles.
Les lésions microscopiques sont très démonstratives des lésions macroscopiques du tube digestif.
Le
processus se déroule tout d’abord dans les couches superficielles et ils sont
marquées par une dégénérescence hydropique ou vacuolaire du cytoplasme et par
des lésions nucléaires de régression et surtout par de la pycnose.
DIAGNOSTIC
Le
diagnostic repose sur la mise en évidence d’une infection à virus de la
diarrhée. Cette mise en évidence peut être obtenue par divers procédés :
* Isolement du
virus : les prélèvements
sont constitués le plus souvent, sur l’animal vivant par le sang et les fèces,
sur le cadavre par la rate, les ganglions mésentériques et les fragments
d’autres organes.
* Séro-neutralisation
effectuée sur une paire de sérums :
Les deux sérums sont prélevés, l’un si possible au début de l’affection,
l’autre après un délai de 2 à 3 semaines. Les deux sérums sont mis en jeu dans
une réaction de séro-neutralisation utilisant environ 100 DI 50 pour cultures
cellulaires d’un virus cytopathogène (VD-virus). La montée des anticorps est
considérée comme significative pour le diagnostic lorsque le titre d’anticorps
du second sérum est le quadruple de celui du premier.
Le
diagnostic ne donne pas de renseignements utiles sur la maladie des muqueuses.
Cette dernière n’est pas distinguable cliniquement de la peste bovine.
·
Diagnostic différentiel :
La
constatation d’érosions peut éveiller une suspicion de fièvre aphteuse.
Cependant, lors de la maladie des muqueuses les érosions ne sont pas précédées
de la formation de vésicules.
Dans
le diagnostic différentiel, il faut tenir compte de la rhino-trachéite
infectieuse, du coryza gangréneux, de la stomatite vésiculeuse, de la fièvre Q
ou coxiellose, de l’hyperkératose et les intoxications alimentaires par des
toxiques chimiques.
TRAITEMENT
Toute
thérapeutique dirigée contre la maladie des muqueuses est illusoire. Suivant
les cas, un traitement symptomatique judicieux peut être appliqué. Les ATB et
surtout ceux à large spectre d’activité sont utilisables mais ils demeurent
sans influence sur le virus lui-même.
PROPHYLAXIE
La
maladie des muqueuses ne fait pas partie des maladies à déclaration
obligatoire. Lors de foyers de la forme maligne, les autorités vétérinaires
compétentes peuvent dans les régions atteintes, ordonner des restrictions
temporaires du trafic des animaux et une désinfection des écuries et des
véhicules de transport. Aucun moyen spécifique de lutte, le sérum hyperimmun ou
vaccin existant, contre la maladie des muqueuses. Le vaccin est surtout destiné
à protéger des élevages de valeur.
Après
vaccination ou guérison, la maladie des muqueuses laisse derrière elle une
immunité. Celle-ci n’est pas parfaite, car chez certains animaux apparemment
guéris, les ulcérations peuvent récidiver.
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