Le pancréas, une communauté cellulaire
à l’indispensable intégrité
ASPECT STRUCTURAL DU PANCRÉAS
Le pancréas est une glande double, à la fois exocrine et endocrine, située dans une
anse du duodénum intestinal (cf schéma et embryogenèse). La glande endocrine est
représentée par de petits îlots disséminés dans le parenchyme exocrine, les îlots de
Langerhans, dont le diamètre varie de 100 à 300 μm et dont le total ne représente guère que
1% environ de la masse de la glande, soit un total de 1 à 2 g seulement. Les îlots de
Langerhans sécrètent leurs peptides régulateurs dans le réseau capillaire insulaire qui irrigue
ensuite le pancréas exocrine puis le foie par la circulation dans la veine porte qui recueille
également le sang provenant de l’intestin. Ces produits de sécrétion endocrine doivent
nécessairement traverser le foie avant de se répandre dans la circulation sanguine générale.
Les principales hormones pancréatiques sont l’insuline sécrétée par les cellules B au centre
de l’ilôt, le glucagon sécrété par les cellules A et la somatostatine produite par les cellules
D; ces deux dernières catégories cellulaires se situant en périphérie de l’îlot. Il faut noter que
les cellules D présentent parfois des extensions cytoplasmiques entourant principalement les
cellules B. Celles-ci sécrètent également l’IAPP (Islet Amyloïd Poly Peptide) dont nous
discuterons au cours de plusieurs chapitres. Nous détaillerons également le polypeptide
pancréatique, molécule au rôle mal connu, sécrétée infinitésimalement par les cellules “F”.
Toutes ces cellules présentent une étroite juxtaposition anatomique.
RELATIONS PANCRÉAS EXOCRINE / ENDOCRINE
La suppression de la fonction exocrine par ligature du canal pancréatique entraîne un
remaniement du parenchyme exocrine aboutissant à la genèse e au développement d’une
fibrose par synthèse active de collagène à partir de fibroblastes et d’un tissu adipeux. Dans
un deuxième temps apparaissent les répercutions au niveau endocrine qui ont été
démontrées par une approche de l’insulinosécrétion in vivo et in vivo. On peut caractériser
alors le développement d’un syndrome diabétique non insulino dépendant. Ces
observations confirment la nécessité de relations structurales étroites entre parenchymes
exocrines et endocrines pour maintenir l’équilibre de la fonction de ces deux tissus.
On peut aisément admettre que certaines modifications du parenchyme exocrine, en
particulier de type pancréatite et fibrose, seraient susceptibles d’entrainer des remaniements
du parenchyme endocrine et donc des altérations de sa fonction. La régulation autocrine
exocrine / endocrine et endocrine / endocrine entre cellules pancréatiques ne peut être
assurée dans de bonnes conditions que si les îlots de Langerhans présentent une microarchitecture
et une vascularisation bien organisée.
APPORTS DE LA VASCULARISATION ET DE L’INNERVATION PANCRÉATIQUE
et une vascularisation bien organisée.
APPORTS DE LA VASCULARISATION ET DE L’INNERVATION PANCRÉATIQUE
La découverte que le glucagon stimule ou module la sécrétion locale d’insuline via des
récepteurs b adrénergiques post synaptiques et au contraire que l’insuline supprime la
sécrétion de glucagon (via des récepteurs a adrénergique) met en lumière un feed back
négatif / positif intra-insulaire entre insuline et glucagon, donc entre cellules B et cellules A.
La somatostatine (cellules D) est un inhibiteur potentiel de l’activité sécrétoire des
cellules A et B et le glucagon stimule la sécrétion des cellules D. Les cellules insulaires
réagissent donc localement et dépendant les unes des autres grâce à un double effet
paracrine facilitant l’homéostasie métabolique. Il est évident que le glucose, fort stimulant de
la circulation sanguine insulaire, influe sur le glucagon et l’insuline. Localement, il libère des
neurotransmetteurs ou des messagers chimiques tels que peptides (GIP Gastric Inhibitory
Peptide, CCK, sécrétine, corticotropine, TRH Thyrotropine Releasing Hormone, glycentine),
des amines biogéniques, des nucléotides cycliques qui traversent les espaces interstitiels
jusqu’aux récepteurs spécifiques de la cellule cible voisine, assurant ainsi un mécanismes
neurocrine de contrôle adrénergique ou cholinergique après l’absorption de nutriments.
En effet, le pancréas est richement innervé par des terminaisons synaptiques du
système nerveux autonome, pouvant modifier le flux sanguin insulaire ou la sécrétion
paracrine locale. Les expériences de greffes d’îlots laissent apparaître une influence positive
des cellules B pancréatiques sur le développement de terminaisons nerveuses
noradrénergiques contenant également du neuropeptide Y.
Les trois hormones insuline, glucagon et somatostatine sont sécrétées par impulsions,
ou cycles, régulés par le ganglion pancréatique fonctionnant comme un centre d’intégration. Il
peu stimuler plusieurs îlots distribués au hasard. Si on bloque la transmission nerveuse intrapancréatique
ou le récepteur nicotinique ganglionnaire postsynaptique, on artère la fréquence
des cycles insulaires: le ganglion est en quelque sorte le pace-maker et le coordinateur de ces
cycles sécrétoires. L’existence de ces cycles impose, dans cas d’une thérapie insulinique, une
administration par infusion intraveineuse pulsatile de cette hormone.
Il existe également une communication systémique humorale où l’hormone,
sécrétée par sa cellule, passe par le système porte veineux via le système vasculaire
systémique pour atteindre la cellule cible ou elle exercera son action stimulante ou
suppressive. Cette dernière majoritairement endocrine peut également être de nature
exocrine: dans ce cas, le flux sanguin passe par des capillaires provenant de petits îlots.
L’hormone peut aussi agir par l’intermédiaire d’une microvascularisation insulaire locale,
intra ou péri-ilots. On parle alors d’endocrinie. La cellule sécrétrice, notamment de type B,
présente une polarité capillaire apicale nette. La circulation sanguine insulaire joue un rôle
fondamental dans la coordination fonctionnelle de l’ilôt par une compartimentalisation
artérielle et vasculaire.
Dans un îlot, la communication entre cellules d’un même type ou de types différents
passe par l’intermédiaire de jonctions spécialisées qui ont des fonctions potentielles
différentes: les jonctions lacunaires (gap jonction) et les jonctions serrées (tight jonction).
Les jonctions lacunaires permettent la communication directe entre les cellules et
facilitent le passage d’impulsions électriques provenant notamment des cellules B, d’ions ou
de petites molécules médiatrices d’un poids moléculaire inférieur à 1200. Elles ne permettent
donc pas le passage direct intercellulaire d’insuline, du glucagon ou de la somatostatine. En
revanche, elles ont un rôle important en coordonnant la fonction de l’ilôt entier , en
synchronisant la sécrétion hormonale, et donc en influençant les interactions entre les cellules A,
B et D.
Les jonctions serrées sont des “murs” de fusion entre les cellules créant des
barrières dans les espaces interstitiels qui peuvent bloquer les échanges d’hormone entre les
cellules. Elles peuvent shunter les hormones a travers des canaux spécifiques directement
aux capillaires ou a des aires spéciales dans les cellules cibles juxtaposées. Elles sont à la
base de la compartimentalisation insulaire et ferment hermétiquement l’interstitium intercellulaire
latéral séparant le compartiment capillaire artériel du compartiment capillaire veineux. Cette
compartimentalisation est dépendante de la distribution des cellules endocrines de l’ilôt, de la
microvascularisation insulaire, de la polarité des cellules ainsi que du flux de liquide intersticiel.
Ce type de jonction est souvent induit par un traumatisme expérimental tel qu’un
traitement protéolytique à l’origine d’une inflammation piégeant une grande quantité de
matériel sécrétoire dans l’espace intercellulaire.
En conclusion, des changements morphologiques, morphométriques ou dans la
distribution des différents types de cellules endocrines peuvent découler aussi bien de
remaniements des parenchymes endocrines ou exocrines que d’altérations vasculaires
caractérisant les principales anomalies du diabète NID. Toutes ces observations expliquent
en partie la difficulté et les nombreux échecs des greffes totales ou partielles d’un pancréas.
Structure du pancréas (coloration PAF):
photo a - Les cellules B (B) représentent la majorité cellulaire de l’îlot de Langerhans (I) au sein d’un tissu
acineux (TA) compact. (x 280).
photo b - Les cellules B (B) présentent une polarité, les granulations sont groupées côté capillaire (c). En
périphérie de l’îlot (I), présence de cellules A (A) ou D (D). (x 500).
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