ANOMALIES
D’ORIGINE FONCTIONNELLE
Ce type
d’infécondité est généralement sporadique ; quand c’est un groupe
d’individus qui en est atteint, d’autres problèmes doivent être suspectés, plus
particulièrement d’ordre alimentaire ; parmi ce genre d’infécondité, les
ovaires kystiques occupent la première place (37.1 %), le suboestrus (20.9 %),
l’anœstrus ( 13.5 %) et l’anovulation / ovulation retardée
(5.6 %)
d’après une étude menée sur 288 troupeaux
sur une durée 8 ans ( Roine et Saloniemi, 1978).
1.
L’OESTRUS OU CHALEUR NON OBSERVE
A la puberté,
l’activité ovarienne cyclique devrait être continue durant la vie entière de la
vache ; elle est interrompue lors de gestation et quelques temps après
mise bas (puerpérium).
La détection
des chaleurs tous les 2 et 3 à 4 fois / j en moyenne est le seul moyen évident
pour que l’éleveur puisse identifier la ou les vaches en chaleurs.
Il est
possible aussi que les vaches manifestent les chaleurs mais que le vacher ne
les observe pas (problème de conduite de troupeau / gestion).
Cependant, il existe plusieurs autres
causes :
1°- les
ovaires sont inactifs et lisses = anoestrus vrai ;
2°- activité
sexuelle normale mais pas de manifestation de chaleurs = suboestrus ;
3°- présence
d’un C.L. persistant ou d’un kyste ovarien sécrétant
de la P4 et donc entraînant un feed-back négatif sur l’antéhypophyse.
1.1
L’anoestrus vrai
Ovaires
lisses inactifs, absence d’activité sexuelle ; peut être du à une absence
de sécrétion ou insuffisance dans la production d’hormones gonadotrophines, des
troubles de folliculogénèse ou incapacité des ovaires à réagir aux stimuli
hormonaux.
Des
follicules de 1.5 cm de taille peuvent être présents sur l’ovaire ce qui lui
donne son aspect bosselé dans certains cas. La caractéristique principale est
l’absence d’un corps jaune, qu’il soit régressif, croissant ou mature.
Pour
confirmer l’anoestrus vrai, une 2ème fouille transrectale doit être
faite 10 jours plus tard ; si les
ovaires demeurent inchangés l’anoestrus est vrai ; si au contraire il y a
un corps jaune, il n’y a pas d’anoestrus.
L’anoestrus
vrai est souvent fréquent chez les V.L. hautes productrices, génisses en
croissance et les vaches allaitantes.
Un ensemble de facteurs prédispose les animaux à
ce trouble : saison et environnement, influence génétique (anoestrus
post-partum chez les races laitières – 10 à 33 j - alors que chez les races à
viande – 36 à 70 j - ; l’allaitement entraîne un allongement de
l’anoestrus, suite à la sécrétion de PRL. Cette dernière pourrait réduire la
sensibilité ovarienne aux niveaux normaux de L.H. plasmatique. L’augmentation
de PRL entraîne une diminution du PIF et donc aussi celle de GnRH d’où
diminution de sécrétion de
gonadotrophines.
1.2
Chaleurs silencieuses ou suboestrus
Beaucoup
d’auteurs ont montré que les 1ère et 2ème ovulations
post-partum ne sont généralement pas suivies de signes manifestes de chaleurs
et sont par conséquent de vraies chaleurs silencieuses. Au delà de ces deux 1ères
ovulations, s’il y a ovulation sans signes cliniques, c’est probablement à
cause d’une inobservation des signes, due à des chaleurs de trop courte durée
ou pas assez évidentes ou à une détection insuffisante des chaleurs .
Il a été
statistiquement prouvé qu’il pourrait y
avoir une origine génétique pour une partie du problème.
Les carences
en β- carotène, phosphore, cuivre, cobalt… ont été incriminées.
Les vaches
trop grasses ont des difficultés à manifester les chaleurs.
L’anamnèse et
l’examen rectal autorisent le diagnostic.
La présence
d’un C.L. ou d’une bonne tonicité de l’utérus indique une activité
sexuelle. Le C.L. peut être différencié
d’un kyste ovarien ; il peut être persistant ou la vache peut être
gestante, en cas de doute, un examen
rectal 10 jours plus tard est à refaire.
1.3
Persistance du C.L.
Tout obstacle
à la production ou sécrétion de lutéolysine (PGF2alfa) entraîne un C.L.
persistant : gestation, infection utérine, inflammation tissulaire.
Le C.L. peut
persister indéfiniment du moment que la P4 qu’il sécrète réduit la résistance
utérine aux infections et par conséquent il n’ y a pas de sécrétion de PGF (cas de pyomètre).
Le C.L.
persistant peut être traité par la PGF 2 alpha ou analogues, l’oestrus apparaît
2 à 5 j après.
1.4
L’oestrus non détecté
(Voir cours
sur le suivi vétérinaire de la reproduction).
2.
LES DEFAUTS D’OVULATIONS
L’ovulation
chez la vache se produit 10 à 12 H après la fin des chaleurs et environ 18 à 26 H après le pic ovulatoire de LH.
Durant
l’œstrus et après la fin de l’œstrus, plusieurs follicules subissent un développement
suite auquel en général un seul ou occasionnellement 2 ovulent ; le reste
des follicules dégénère.
Un certain
nombre de défauts d’ovulation peuvent apparaître, les conséquences sur la
fécondité sont de 2 ordres :
-
soit
que l’ovocyte n’est pas libéré et ne peut donc être fécondé ;
-
soit
que l’ovocyte est libéré plus tard que normalement si bien que les S.T. sont
incapables de le féconder ;
-
soit
que l’ovocyte est fécondé mais est trop vieux pour subir un développement
normal.
Les défauts
d’ovulation sont dus à deux principales causes :
Insuffisances
endocriniennes ou déséquilibre endocrinien. Le contrôle endocrinien de
l’ovulation a été étudié plus haut. C’est une interaction entre les hormones
ovariennes, la glande pituitaire et l’hypothalamus. Par conséquent si la
quantité d’hormones hypophysaires est insuffisante ou si elle est sécrétée plus
tôt ou plus tard que normalement (LH particulièrement), il y a échec ovulatoire
ou retard d’ovulation.
Parfois à
cause de lésions entraînant des adhérences de l’ovaire et de la bourse
ovarienne, l’ovulation n’a pas lieu d’où facteurs mécaniques.
2.1
L’ovulation retardée
L’ovulation
retardée est supposée être une des causes d’infécondité chez les vaches «REPEAT
BREEDERS ».
Diagnostiquer
une ovulation retardée n’est pas chose aisée. Un diagnostic peut être fait si
un même follicule est palpé sur un même ovaire une 1ère fois durant
les chaleurs et une 2ème fois 24 à 36 H après.
Le traitement
nécessite l’administration de HCG ( 3000 à 4000 UI ) ou de la GnRH (0.15 mg )
en I.M. 6 à 8 H avant ou pendant l’I.A./
saillie naturelle. L’ovulation a lieu 24 H après.
2.2
L’anovulation ou absence d’ovulation
L’anovulation
est un trouble qui survient à la suite des causes de l’anoestrus vrai ;
parfois un anœstrus vrai est observé suite à une anovulation du follicule qui
finit par régresser et s’atrophier.
Durant la
période puerpérale, avant que l’activité ovarienne ne se déclenche, il peut y
avoir une absence d’ovulation au même titre que chez les espèces polyœstriennes
saisonnières en début de saison sexuelle.
Si un examen
rectal est fait pendant les 1ères semaines post-partum, un certain
nombre de follicules anovulatoires peuvent être palpés ; ils sont souvent
décrits comme étant des kystes quoiqu’en fait ils sont transitoires et
disparaissent souvent en absence de traitement.
Parfois un
follicule ne s’atrophie pas mais au contraire après avoir atteint une taille de
2 à 2.5 cm de diamètre, subit une lutéinisation de ses parois et se met à
sécréter de la P4. ; il régresse environ 18 jours après, ce qui déclenche
l’œstrus et l’ovulation.
L’anovulation
peut être diagnostiquée si à l’examen rectal, le follicule persiste plus
longtemps que normalement. S’il est lutéinisé il dure environ 17 à 18 j avant
de subir une lyse.
Le traitement
consiste à administrer l’HCG ou la GnRH. S’il y a adhérence entre ovaire et
bourse ovarienne il n’y a pas de traitement.
2.3
Kystes ovariens
Les ovaires
sont qualifiés de kystiques s’ils sont porteurs d’un ou de plusieurs
compartiments remplis de liquides d’un diamètre de plus de 2,5 cm.
Le kyste
apparaît suite à une anovulation ; au lieu de régresser ou de s’atrophier
ou encore de se lutéiniser, les follicules continuent à augmenter de volume et
deviennent persistants. L’activité sexuelle normale est perturbée ce qui
entraîne l’anoestrus ou la nymphomanie.
Les kystes
ovariens sont une importante cause d’infertilité..
Les kystes
ovariens ont traditionnellement été classés en K.F. ( paroi mince, souvent
multiple avec peu ou pas de tissu lutéal) et en K.L ou lutéinisé ( paroi
épaisse, souvent unique, avec beaucoup de tissu lutéal).
Les vaches
avec un K.O. sont souvent nymphomanes : signes oestraux continuels,
périodes inter œstrus courtes, œdème vulvaire, écoulement fréquent et abondant
de mucus, relâchement des ligaments sacro-sciatiques et relevé du coccyx,
diminution de la production laitière, perte de poids et chevauchement.
Les K.O.
entraînent un arrêt de l’activité sexuelle ; ils fonctionnent comme un C.L.
fonctionnel.
Un certain
nombre de vaches porteuses de K.O. se masculinisent si elles ne sont pas
traitées (virilisme).
-
les
kystes ovariens peuvent être d’origine héréditaire ; il existe une
relation entre l’incidence des kystes ovariens et la production laitière. Les
V.L. hautes productrices semblent plus disposées particulièrement au moment du
pic de leur lactation ;
-
Une
alimentation riche en protéines ( excès) a aussi été incriminée ; la
saison annuelle est un facteur prédisposant ( fréquence élevée en hiver) ;
-
Les
adhérences burso-ovariennes sont l’une
des principales causes d’apparition des K.O. ;
-
Les
gonadotrophines pituitaires chez les V.L. normales pendant les chaleurs et 4
jours après sont beaucoup plus élevées que chez celles avec K.O. Ceci laisse
supposer peut être un défaut de sécrétion des hormones hypophysaires chez ces
dernières ;
-
Ce
trouble peut être lié au stress engendré par des hauts niveaux de production et
par la conduite d’élevage (stress entraîne une augmentation de l’ACTH laquelle
serait responsable de l’inhibition de l’ovulation et donc de l’apparition du
K.O).
-
L’absence
d’ovulation et la formation des K.O. seraient associées à un niveau élevé de
PRL chez les hautes productrices de lait. Le P.I.F. sécrété par l’hypothalamus
supprime la libération de LH responsable de l’ovulation. La PRL pourrait aussi
diminuer la sensibilité ovarienne au taux normal de LH, bien qu’il a été
démontré que des vaches avec K.O.
réagissent favorablement au traitement par l’HCG et la GnRH ;
-
La
carence en ß- carotène, laquelle entraîne une
sécrétion insuffisante des E2 par l’ovaire a été signalée comme cause
prédisposant au K.O. ( peut être à cause d’un feed-back)
-
Les
E2 endogènes produits en grande quantité et de façon étalée dans le temps ainsi
que ceux contenus dans les plantes oestrogéniques ( alfafa, trèfle rouge,
ensilage de pois, paille et foin moisis ) ont aussi été incriminés ;
-
Le
syndrome de l’infiltration graisseuse du foie pourrait être une cause
prédisposant au K.O.
Le
diagnostic dépend de l’anamnèse, signes cliniques et les résultats de la
fouille rectale :
·
la vache est généralement entre le 3ème et le
4ème mois post-partum, entre sa 2ème et sa 7ème
lactation, avec probablement une bonne production laitière ;
·
Elle peut avoir présenté des signes de nymphomanie ou un
anoestrus prolongé ;
·
La palpation ovarienne transrectale découvre de gros
ovaires avec une ou plusieurs structures rondes, lisses contenant un liquide
fluctuant. Un C.L. peut être présent ;
·
Si le dosage radio-immunologique de P4 montre un taux
bas, le K.O. est folliculaire ;
·
Si le dosage
radio-immunologique de P4 montre un taux élevé ( > 2 ng / ml ), le K.O. est
lutéal.
L’une des
conséquences du K.O. est le développement d’un mucomètre ( distension utérine
avec accumulation de mucus et amincissement des parois utérines).
Le traitement
fait appel à l’HCG et GnRH quelque soit la nature du kyste.
Les doses de
3000 – 4500 UI en IV, parfois 10.000 UI en IV de HCG, 0,5 – 1.0 mg et même 100
à 250 mg de GnRH
sont recommandées.
Ces deux
hormones entraînent la lutéinisation du kyste
et l’élévation de la concentration de P4 à au moins 2ng / ml, . 10
j après administration., il y a apparition d’un C.L.
3.
L’INSUFFISANCE LUTEALE
La P4
est nécessaire au maintien de la
gestation au moins jusqu’à 150 – 200 j après fécondation.
Le C.L. est
la source principale de P4 car s’il n’est pas complètement formé ou s’il fonctionne insuffisamment, la gestation n’a
pas lieu.
L’insuffisance
lutéale a été toujours incriminée comme cause d’infertilité quoique non
prouvée, les vaches « REPEAT BREEDERS » sont souvent traitées sur la
base de cette insuffisance. Le diagnostic de l’I.L. est très difficile.
LH est
lutéotrophique chez la vache, par conséquent si HCG ou GnRH sont administrés
après l’ovulation, ils pourraient stimuler le développement et le
fonctionnement du C.L.
4.
LE DESIQUILIBRE HORMONAL
Le
déplacement de l’ovocyte / zygote le long des oviductes est considérablement influencé
par les E2 et P4.
Si un
déséquilibre quelconque de ces deux hormones se produit, l’ovocyte/zygote se
déplace trop lentement ou trop rapidement et atteignent un utérus non préparé
pour les accueillir. Ce genre de trouble n’a pas de traitement.
5.
SYNDROME DU FOIE GRAS
Certains
auteurs ont décrit l’apparition fréquente de ce syndrome chez les V.L. hautes
productrices. Ceci est probablement du à la mobilisation des graisses notamment
sous cutanées afin de faire face au déficit d’énergie enregistré lors du début
de lactation notamment. Cette mobilisation des graisses a pour conséquences
l’apparition des affections : métrite, cétose et rétention placentaire, en
rapport avec une baisse de la
fécondité/fertilité.
Le dosage du
cholestérol et de l’enzyme aspartate aminotransférase chez les vaches 8
semaines ante-partum montre que le cholestérol est diminué et que l’enzyme est
augmentée, ceci traduit l’infiltration graisseuse du foie (stéatose hépatique).
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