REPUBLIQUE
ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
UNIVERSITE DE BATNA
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT VETERINAIRE
LABORATOIRE DE
NUTRITION - ALIMENTATION
COURS
DE NUTRITION ANIMALE
DEUXIEME ANNEE DOCTEUR
Par
DR MEZIANE TOUFIK
Maitre de conférences
II.2.3- La dégradation des matières azotées :
Les matières azotées alimentaires subissent
dans le rumen une dégradation plus ou moins intense et rapide dont l’ammoniac
(NH3) est le produit terminal le plus important .Cette dégradation en
ammoniac (protéolyse microbienne) est rapide et totale pour les constituants
non protidiques (urée, amides …) ainsi que pour les constituants
protidiques simples (acides aminés libres,
peptides et polypeptides).
Les substrats
carbonés et l’ammoniac peuvent ensuite être pour la synthèse des matières
azotées de certaines bactéries (cellulolytiques) ce qui correspond à la phase
de protéosynthèse microbienne. Dans la mesure où il n’est pas utilisé par les
micro-organismes pour cette synthèse de matières azotées microbiennes, la
majeure partie de l’ammoniac restant est absorbé au niveau de la paroi du rumen,
véhiculé au foie où il est transformée en urée .Cette urée est en partie
recyclée dans la salive ou par diffusion à travers la paroi de tout le tube digestif, et en partie
éliminée par l’urine et donc perdue. L’uréogénèse à partir de l’ammoniac
nécessite beaucoup d’énergie .Elle est estimée à 4 ATP / moles d’urée produite (Remesy
et Demigne, 1981).
Selon Milton et
Ternouth (1984) cités par Komisarczuk (1985), l’absorption d’ammoniac est conditionnée par sa
concentration dans le rumen (50 à 80 mg / 100 ml de jus de rumen) et par le
pH du rumen (un pH élevé conduit à une absorption rapide, un pH
bas à une absorption lente. Les bactéries qui vivent sous des concentrations
basses d’ammoniac fixent l’ammoniac à deux étapes de la glutamine synthétase et
la glutamate synthase au cours desquelles il y’a transfert de l’amide-N de la
glutamine au 2-oxoglutarate et cette étape nécessite de l’ATP (Leng et al. 1987).
La concentration
en ammoniaque dans le rumen peut varier de 2 à 40 mmoles /l mais on estime à
4-5 mmoles /l la teneur nécessaire pour que la production de protéines
bactériennes soit maximum (Thivend et al.
1985 ; Leng et al. 1984).
Selon Vérité et al. 1987, de 2/3 à 3/4 des fractions azotées
des fourrages sont dégradés dans le rumen .Chez les moutons normalement alimentés,
l’absorption est en moyenne de 4 à 5 g d’N 2 par jour sous forme d’NH 3 (Kolb, 1975).
Houpt, Decker et coll. cités par Kolb 1975 ont montré que chez les sujets à
régime pauvre en protéines, il n’y a guère que la moitié de l’urée du sang qui
soit éliminée avec l’urine, le reste revient
par diffusion dans la panse et peut servir à la synthèse de protides.
Donc prés de 50 % de l’urée synthétisée
par le foie suit un cycle rumino- hépatique et ne
constitue pas un produit final du métabolisme mais une véritable réserve
d’azote pour les ruminants.
Figure n° 1 : Schéma simplifié de la protéosynthèse
microbienne dans le rumen – réseau
II.2.4- La dégradation des lipides
Les lipides,
en général faiblement présents dans la ration, sont constitués d’acides gras en
C18 non saturés, linolénique dans les fourrages, linoléiques dans les
grains
Le contenu du
rumen possède in vivo comme in vitro,
une forte activité lipolytique vis à vis des glycérides d’acides gras
supérieurs .La population microbienne hydrolyse les triglycérides en acides
gras et glycérol .Le glycérol est fermenté en
acides gras volatils et rejoint le circuit des glucides.
Par ailleurs, la flore ruminale
hydrogène les doubles liaisons des acides gras insaturés et incorpore une
partie dans leurs lipides et les transforment en acide stéarique (C18 saturé)
qui sera digéré dans l’intestin (Soltner, 1994). Les acides gras à longue
chaîne d’origine alimentaire sont fixés
sur les particules alimentaires avec lesquelles ils passent dans le feuillet ou
bien ils sont repris par les bactéries qui en élaborent leurs propres acides gras.
II.2.5- Les éléments minéraux et la
digestion microbienne au niveau du rumen-réseau.
Comme tous les
mammifères, les ovins doivent trouver dans leur régime alimentaire tous les
éléments minéraux indispensables en quantités suffisantes. Compte tenu des
risques d’insuffisance d’apport en éléments minéraux des rations à base de
fourrages des ruminants, l’attention des nutritionnistes est attirée sur les
éléments minéraux suivants: P, Ca, Na, Mg, S
( pour la
laine ), Zn ,Cu ,Co (Gueguen et al.,
1978 ).
Les
micro-organismes du rumen , des quels
dépend l’utilisation des fourrages ont des besoins minéraux propres , notamment
en P ,S , Mg ,Zn ,Cu ,Co .Si ces besoins ne sont pas couverts, l’efficacité de
la ration sera faible (Gueguen et al., 1988 ).
Les plantes
fourragères peuvent souffrir de carences en oligo-éléments avec une production
diminuée dues essentiellement aux carences rencontrées principalement sur les
sols .Ces carences sont responsables de la baisse des productions et de la
reproduction des animaux qui y pâturent ( Pastrana et al., 1991). Les teneurs en oligo-éléments des micro-organismes du rumen
sont généralement bien supérieures à celles des aliments que l’animal prend.
Les parois des
bactéries sont capables de fixer des oligo-éléments par des liaisons plus ou
moins réversibles en milieu acide (Thivend et al. 1985).
Certains oligo-éléments comme le fer(Fe ) ,le
manganèse (Mn ), le zinc (Zn ), le cobalt (Co ), le molybdène
(Mo) régulent de nombreuses activités enzymatiques bactériennes ou font partie de ces molécules organiques
comme :
* Cuivre :
cytochrome oxydase, lysyl-oxydase, tyrosinase, céruloplasmine.
* Manganèse :
pyruvate carboxylase
* Zinc :
anhydrase carbonique, aldolase, peptidase, phosphatases alcalines,
DNA et RNA polymérases,
deshydrogénases.
*Certains minéraux majeurs (P et S) jouent un
rôle essentiel dans l'optimisation des fermentations dans le rumen.
(Komisarczuk, 1985 ;
Komisarczuk et al. 1991)
Certains
d’entre eux rentrent dans la composition d’éléments cellulaires comme les
ribosomes ou les membranes. Des études in vitro ont montré que l’activité cellulolytique est stimulée par des apports
d’oligo-éléments , de même que la croissance des protozoaires en milieu continu
peut être accrue par un apport de zinc ou de cobalt (Thivend et al., 1985) .
II.2.6 - Devenir des corps microbiens
La quantité de
substances microbiennes formée est en moyenne proportionnelle à la quantité d’énergie disponible dans le rumen,
ou à la quantité de matière organique digestible qui y disparaît, lorsque les
apports de matières azotées fermentescibles, d’autres éléments nutritifs et de
facteurs de croissance ne sont pas limitants.
La majeure
partie des corps bactériens formés passe
dans le feuillet , en suspension dans le liquide ou fixée
sur les résidus alimentaires .Un partie est détruite à l’intérieur du
rumen par différents mécanismes , elle serait la plus importante dans le cas
des protozoaires .
II.2.7- Conclusion
Il sort du
rumen –réseau la majeure partie des corps bactériens et une partie plus faible
des protozoaires. En ce qui concerne les constituants organiques des aliments,
les quantités dégradées dans le rumen –réseau dépendent notamment de la nature
de la ration.
II.2.7.1- Cas des fourrages :
sont dégradés dans le rumen –réseau :
De 40 à 70 % des
matières azotées , pratiquement la
totalité des glucides solubles , la
majeure partie des polyholosides membranaires des fourrages non broyés :
* 90 à 95 % de la cellulose ces proportions pourraient être
sensiblement
* 80 à 90 % des
hémicelluloses plus faibles dans
le cas de fourrages très lignifiés.
Au total, 60 à 65 % de la matière organique digestible
disparaît en moyenne dans le rumen – réseau.
Remarque : le broyage des fourrages secs diminue
le temps de séjour dans le rumen et l’activité cellulolytique de la population
microbienne , il s’ensuit une diminution de la dégradation des membranes dans
le rumen , une diminution de la quantité des AGV et de CH4 formés , une
augmentation des protéines alimentaires non fermentées dans le rumen.(ITEB
–INRAP, 1984 ; INRA 1995)
II.2.7.2- Cas des aliments
concentrés :
Environ 95 % de
l’amidon de l’orge, le blé et l’avoine sont dégradés dans le rumen
Cependant, ce
taux est nettement inférieur et aussi plus variable dans le cas de l’amidon de
maïs et de sorgho (70 à 85 %) selon la quantité dans la ration .Cette teneur
peut être augmentée par certains traitements hydro-thermiques .Les protéines
des aliments concentrés sont dégradés en proportion très variable dans le
rumen, elles sont de l’ordre de 30 à 90
% (ITEB –INRAP, 1984).
II.2.7.3- Cas des rations mixtes
Les interactions
physiques entre les différents constituants de ce type de ration entraînent une
diminution de la proportion de la matière organique digestible qui disparaît
dans le rumen. Elle est plus variable pour les rations mixtes que pour les
fourrages seuls .Cette diminution porte surtout sur les polyholosides
membranaires par suite d’une diminution de la capacité cellulolytique de la
population microbienne du rumen .Il sort du rumen réseau :
* La majeure
partie des corps bactériens
* Une partie
plus faible des protozoaires
* 35 à 40 % de
la matière organique digestible de la ration constituée surtout de matières
azotées et de polyholosides membranaires à un moindre degré.(ITEB-INRAP, 1984).
La population
microbienne fournit à l’animal la
majeure partie des substrats énergétiques (AGV) et des acides aminés, ainsi que
des vitamines B en quantité suffisante (Thivend
et al. 1985).
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