Cours DCEM1 Professeur G.
HERBEIN - Année 2003-2004
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INTRODUCTION
La réplication des virus à ARN (mis à part les
rétrovirus) se fait selon deux grandes stratégies.
Ø
Virus à ARN positif :
ARN (+). Les virus correspondants possèdent un ARN génomique directement messager qui, dès sa libération dans
la cellule, sert à la synthèse protéique.
Ø
Virus à ARN négatif :
ARN (-). Le génome viral
n'est ici pas directement messager ; une transcription de l'ARN (-) en ARN (+)
est nécessaire ; ceci se fait grâce
à une enzyme constitutive du virus, une ARN
polymérase ARN dépendante, qui portera dans ce cas le nom de transcriptase. L'ARN (+) synthétisé
servira alors d'ARN messager pour la traduction protéique.
I - LES VIRUS A ARN (+) : VIRUS DE LA POLIOMYELITE.
Il s'agit d'un petit
virus à ARN (Picornavirus). L'ARN génomique est protégé par une capside icosaédrique sans enveloppe.
Les différentes étapes du cycle viral sont les suivantes :
-
1ère étape :
Le virus se fixe sur un récepteur cellulaire. Il pénètre
dans la cellule à l'intérieur d'une vacuole de pinocytose ; la décapsidation,
non spécifique, se fait par des enzymes cellulaires ; l'ARN viral est libéré.
-
2ème étape :
L'ARN viral (+) sert directement d'ARN messager. La lecture étant
polycistronique un grand polypeptide N00
est synthétisé qui sera ensuite clivé en N1,
NX et N2 ; N1 est clivé en VP0, VP1 et VP3 (VP signifiant « Viral
Protein ») qui participeront à l'élaboration de la capside ; parmi les autres protéines, on distingue une protéase et une ARN polymérase ARN dépendante.
- 3ème étape :
Le génome viral étant un ARN (+), les virions devront incorporer
également un ARN (+) ; pour assurer la duplication de l'ARN (+),
l'intermédiaire négatif est nécessaire ;
ce brin, négatif apparaît sur la matrice positive grâce à l'ARN polymérase ARN dépendante néosynthétisée qui porte ici le
nom de réplicase.
Cette étape est dépendante
d'une enzyme cellulaire, la terminale
uridine transférase, qui synthétise une séquence poly U face au poly A de
l'extrémité 3’
de l'ARN (+) viral, aboutissant ainsi à une structure en épingle à cheveux permettant à la réplicase d'initier
son travail. Il apparaît donc à un moment donné des ARN bicaténaires qui sont d'excellents inducteurs de l'interféron.
-
4ème étape :
A partir de l'ARN (-), il y a
synthèse d'ARN (+), une molécule d'ARN
(-) générant plusieurs ARN (+) ; les ARN (+) synthétisés seront les ARN génomiques viraux ; ils peuvent
également participer à l'amplification de la synthèse protéique.
-
5ème étape :
Les particules virales vont
être assemblées ; les polymères de VP0, VP1 et VP3 s'associent pour former une procapside dans laquelle pénètre un ARN
génomique (+); le clivage de VP0 en VP2 et VP4 assure la fermeture de la
procapside en capside dont les protéines
capsidales sont donc formées des peptides VP1, VP2, VP3 et VP4.
Les nucléocapsides virales s'accumulent dans le cytoplasme de la cellule, réalisant
parfois des amas pseudocristallins.
La cellule finit par éclater et les virions passent dans les espaces
intercellulaires. Cette multiplication entraîne une anomalie cellulaire
décelable en microscopie photonique et utilisable au laboratoire pour le
diagnostic virologique : l'effet
cytopathogène ou ECP. Dans le cas du virus de la poliomyélite, l'isolement
chez le malade se fait à partir de selles ; celles-ci sont mises en culture au
laboratoire sur un système cellulaire adapté; la multiplication virale entraîne
en 24 heures un arrondissement des cellules qui se détachent du tapis sous jacent (ECP
à l'état frais) ; si l'on fixe ces cellules et si on les colore par
l'hémalun-éosine, on peut apprécier l'ECP après coloration : on distingue une volumineuse inclusion éosinophile
intracytoplasmique correspondant à l'accumulation des nucléocapsides qui
repoussent le noyau en périphérie.
II –
VIRUS A ARN (-)
A- VIRUS SENDAI
Découvert au Japon, ce virus appartient à la famille des Paramyxoviridae, genre Paramyxovirus ; d'origine murine,
il est apparenté au Parainfluenzae humains.
Ce virus possède un ARN
monocaténaire (-) associé à une transcriptase dans une capside hélicoïdale ; la nucléocapside est enveloppée et cette enveloppe porte des spicules d'information virale à activité hémagglutinante et
neuraminidasique (HA et NA).
Le cycle de réplication du virus Sendai est composé de
plusieurs étapes :
-1ère étape
Le virus se fixe grâce à son hémagglutinine sur un récepteur cellulaire, il y a fusion entre l'enveloppe virale et la
membrane cytoplasmique ; la nucléocapside
entre dans le cytoplasme de la cellule et la capside est dégradée ; il y a libération de l'acide nucléique viral
associé à sa transcriptase.
- 2ème étape
La transcriptase synthétise un brin d'ARN (+) sur la matrice
génomique ARN (-); il y a donc apparition d'un ARN bicaténaire.
-
3ème étape
L'ARN (+) est traduit en
protéine virale par les polyribosomes cellulaires; les protéines structurales et enzymatiques du virus apparaissent et
sont mises en réserve. L'ARN (+) sert de
matrice pour la synthèse de nombreuses ARN (-) car, à l'inverse du
poliovirus, c'est de brins (-) dont le virus Sendai aura besoin comme ARN
génomique.
-
4ème étape
L'ARN (-) s'associe à la transcriptase puis les protéines
capsidales réalisent l'encapsidation. La nucléocapside
hélicoïdale ainsi constituée migre vers la membrane cytoplasmique déjà recouverte de spicules viraux.
-
5ème étape
La nucléocapside traverse la
membrane cytoplasmique de la cellule et acquiert, au passage, son enveloppe hérissée des spicules viraux
: c'est le phénomène de bourgeonnement.
Les virus synthétisés quittent alors la cellule infectée pour gagner d'autres
cellules cibles.
Au total la multiplication est plus lente que celle du poliovirus ; l'ECP est parfois apparent et
correspond alors à la fusion de plusieurs cellules aboutissant à ce que l'on
nomme syncytia; la coloration à
l'hémalun-éosine permet d'observer des inclusions éosinophiles
intracytoplasmiques.
Souvent l'ECP n'est pas appréciable et il faut utiliser
un artifice pour détecter la présence virale : on met en présence le surnageant
de la culture avec des hématies, l'hémaglutinine virale entraînant alors une hémagglutination visible ; les hématies
peuvent, d'eux-mêmes, se fixer sur les cellules infectées : c'est l'hémadsorbtion (HAD).
B-VIRUS DE LA GRIPPE
L'ARN génomique du virus de la grippe est un ARN monocaténaire (-) en huit fragments.
La réplication peut être schématisée comme indiqué ci-dessous.
Les principales étapes du cycle de réplication du virus
de la grippe sont les suivantes :
-
1ère étape
Le virus se fixe grâce à son hémagglutinine sur un récepteur cellulaire (acide
sialique), comme cela a été décrit précédemment pour le virus Sendai, il y
a fusion entre l'enveloppe virale et la membrane cytoplasmique de la cellule.
La nucléocapside est libérée dans le
cytoplasme, la décapsidation est réalisée de façon non spécifique par des enzymes cellulaires
et l'ensemble ARN viral transcriptase migre
dans le noyau.
-
2ème étape
Avant d'aborder cette étape
de transcription, il est nécessaire de rappeler que les ARN messagers
cellulaires possèdent une coiffe (CAP, 7-méthylguanosine) à l'extrémité 5’ et un poly rA en position 3’ . Le CAP sert au
positionnement des ribosomes sur l'ARN messager, le poly rA stabilisant l'ARN
messager pour qu'il soit dégradé moins rapidement dans la cellule. L'ARN
génomique viral étant (-), il doit être transcrit en ARN (+) par la
transcriptase virale ; cependant, la
transcriptase virale ne peut débuter la transcription sur la matrice (-) qu'à
partir d'une amorce ; cette amorce
correspond à l'extrémité 5’
d'un ARN messager cellulaire ; en effet, un ARN messager cellulaire vient
s'accrocher par son extrémité 5’
à l'ARN viral (-) ; la partie 3’
de cet ARN messager est dégradé ; l'extrémité
5’ sert
alors d'amorce à la transcriptase qui synthétise un ARN (+).
En bloquant l'ARN polymérase
ADN dépendante cellulaire par l’actinomycine D dans les premières heures de la
réplication du virus grippal, on inhibe l'apparition d'ARN messager cellulaire
de novo, donc le processus d'amorçage et par conséquent la transcription
virale.
-
3ème étape
L'ARN (+) ainsi pourvu de l'extrémité 5’ d'un ARN messager (et en
particulier du CAP) passe dans le cytoplasme et joue le rôle d'ARN messager
pour les protéines virales.
-
4ème étape
L'ARN (+) peut également servir de matrice pour la synthèse d'ARN (-)
génomique.
-
5ème étape
L'ARN (-) associé à la
transcriptase est encapsidé ; la
nucléocapside migre vers la périphérie cellulaire où la membrane cytoplasmique est hérissée de spicules.
-
6ème étape
Le bourgeonnement se fait sous le contrôle de la protéine M ; le virion se dégage ensuite définitivement de la
cellule infectée sous l'action de la neuraminidase.
Au total, deux
éléments caractérisent la réplication du virus grippal : la participation du
noyau cellulaire et la nécessité d'une fonction cellulaire (transcription pour
fournir une amorce à la transcriptase virale).
III – LES RETROVIRUS
Ces virus possèdent un ARN génomique monocaténaire associé à
une enzyme appelée transcriptase inverse
(transcriptase réverse ou RT). Cette enzyme transcrit un brin d'ADN
complémentaire sur l'ARN viral ; l'ARN viral est alors dégradé par une activité
enzymatique associée (RNase H) puis un deuxième brin d'ADN est synthétisé ; on
aboutit ainsi à un ADN bicaténaire
qui est circularisé puis intégré dans le génome de la cellule
infectée sous l'action de l'intégrase.
L'ADN viral ainsi intégré est appelé provirus.
Ce provirus peut être transcris en ARN
viral génomique et en ARN subgénomique messager générant ensuite des protéines virales et aboutissant ainsi
à l'élaboration de virions.
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