AVORTEMENTS
1. Définition
courante : expulsion prématurée d’un fœtus mort ou
non viable.
2. Définition
légale : En France, d’après le
décret du 24 décembre 1965, on considère comme avortement dans l’espèce bovine
l’expulsion du fœtus ou du veau mort-né ou succombant dans les 48 heures qui
suivent la naissance.
3. Définition pratique : interruption de la gestation entre la fin de
la période embryonnaire (fécondation –
50ème jour de gestation environ) et le 260e jour de
gestation, suivie ou non de l’expulsion d’un produit non viable. Après le 260e
jour de gestation, on parlera de vêlage prématuré.
Il convient de distinguer l’avortement clinique (mise
en évidence de l’avorton et/ou des enveloppes fœtales) de l’avortement non réellement constaté (avortement supposé).
Ce diagnostic d’avortement « supposé » dit encore avortement
« sub-clinique » peut être posé sur la base de l’une ou l’autre
information suivante relevée après qu’un constat de gestation antérieur positif
ait été réalisé : diagnostic de gestation négatif quelle que soit la
méthode utilisée, détection d’un retour en chaleurs, ré insémination de
l’animal, observation d’un retard d’involution utérine. Cette distinction est
importante puisque la fréquence des avortements peut s’en trouver affectée. Ainsi,
ne considérant que les cas diagnostiqués par l’éleveur ou le vétérinaire, la
fréquence des avortements serait en moyenne de 1,9 % (0,4 à 5,5 %). Elle serait
en moyenne de 6,9 % (3,6 à 10,6 %) si sont pris en compte non seulement les cas
cliniques d’avortement mais également les pertes non cliniquement
diagnostiquées ).
4. Notion de période à risque : Définir la notion de
période à risque est extrêmement important car un troupeau de vaches laitières
ou viandeuses est par définition une entité extrêmement dynamique surtout si
elle est numériquement importante. Chaque semaine en effet, des animaux
accouchent, sont vendus, sont confirmés gestants ou avortent. Logiquement, la
période à risque d’une interruption de gestation commence dès la fécondation.
En pratique cependant, sa quantification n’est réalisable qu’à partir du moment
où il est possible de confirmer la gestation ou selon les études à partir du
moment où le diagnostic de gestation a effectivement été réalisé ce qui peut
varier de 30 à plus de 100 jours de gestation. Cette période à risque prend fin
avec l’avortement proprement dit, avec la mort ou la vente de l’animal ou lorsque
le foetus atteint le stade de gestation où il est capable de mener une vie
indépendante. Ces facteurs mériteraient d’être davantage pris en considération
dans la définition de la population à risque. Plus tardivement la confirmation
de la gestation réalisée, plus grand est le risque de sous-évaluation de la
fréquence des avortements. Cette notion est extrêmement dépendante de la
sensibilité (capacité de détecter les animaux gestants) et la spécificité
(capacité de détection des animaux non-gestants) de la méthode de diagnostic de
gestation utilisée.
5.
Caractéristiques épidémiologiques des agents responsables :
Il est classiquement admis qu’un diagnostic étiologique
d’avortement n’est posé que dans 10 à 37 % des cas.
Il faut y voir plusieurs raisons.
-
La première est imputable à leur
diversité. Les agents responsables d’avortements sont en effet de nature
biologique tels les bactéries, les virus, les parasites ou les champignons et
les levures ou non biologique comme les facteurs nutritionnels, chimiques, physiques,
génétiques ou iatrogènes (Tableau 1 et 2).
-
Chacun d’entre eux présente des
caractéristiques de résistance, de transmission, de pathogénie, de
manifestations cliniques et anatomopathologiques et de moment d'apparition qui
dans un certain nombre de cas sont encore loin d’êtres précisées.
-
Ils ne sont habituellement pas
spécifiques d’une espèce animale (Tableau 2)
-
Leur effet pathogène dépend de
l’environnement géographique, nutritionnel ou de gestion des animaux qu’ils
concernent.
-
L’avortement ne constitue pas
nécessairement le seul, voire le plus important, signe d’une infection ou
infestation.
-
Par ailleurs, les
lésions macroscopiques induites chez la mère ou l’avorton sont rarement
pathognomoniques.
-
Enfin, il convient de
noter que l'identification d'un germe dans un foetus ne permet pas de conclure
de manière absolue à son rôle étiologique.
6. Contagiosité :
D’une
manière générale, on peut considérer que les agents responsables entraînent
rarement une fréquence élevée d’avortements dans un troupeau. Ces derniers ne
se manifesteront donc habituellement que de manière sporadique. La brucellose
et l’IBR, surtout si cette infection virale se manifeste dans des troupeaux non
vaccinés, constituent des exceptions.
Il faut également noter que la présence d’autres espèces
animales telles que les carnivores domestiques et les rongeurs peut contribuer
à disséminer des agents responsables tels que
Leptospira,
Toxoplasma, Neospora ou Sarcocyste.
On remarquera également que certains agents pathogènes sont
des commensaux voire des parasites obligés du tractus génital (Actinomyces
pyogenes, Campylobacter fetus, Haemophilus, Ureaplasma, Mycoplasma,
Tritrichomonas) ou des muqueuses oculaires ou nasales (Actinomyces pyogenes).
Divers agents étiologiques peuvent être responsables
d’anthropozoonoses : brucellose, fièvre Q,
listériose, leptospirose, toxoplasmose.
7. Voies de contagion : La voie oro-nasale est une voie privilégiée. Cela pose le
problème de la qualité de conservation des aliments (Listeriose, Leptospirose,
Champignons, Levures) et de leur contamination potentielle par des animaux
domestiques ou des rongeurs (les protozoaires) ou par les secrétions génitales
après un avortement.
Certains agents responsables peuvent également être transmis
par la voie vénérienne. Ainsi en est-il
du BVD, du Campylobacter fetus, de la Chlamydia, du Leptospire, de l’IPV, du
Trichomonas. Ces caractéristiques rendent plus nécessaires le degré d’hygiène
de l’insémination artificielle et à fortiori naturelle.
Dans certains cas la transmission transplacentaire est
également observée (BVD, Toxoplasmose, Neosporose). Cette voie induit
l’apparition possible de porteurs chroniques dans la descendance des animaux
atteints.
8. Moment d’apparition : L’analyse du tableau
3 permet de constater que la détermination du moment de l’avortement constitue une première démarche importante qui
permettra au praticien d’orienter le diagnostic ou la recherche complémentaire
requise. Dans la majorité des cas, l’expulsion de l’avorton sera observée
au cours du dernier tiers de la gestation. Cette règle souffre d’exceptions.
Ainsi, les avortements sont-ils observés quelque soit le stade de gestation en
cas d’infection par Haemophilus somnus. Ils le sont davantage au cours de la
première moitié de la gestation après une infection par le BVD, le
Tritrichomonas foetus ou le Toxoplasma gondii. Ils le sont au cours du deuxième
tiers en cas d’infection par Candida, Neospora ou Campylobacter fetus. Cette
répartition ne revêt qu’une valeur indicative. Elle amène néanmoins quelques
commentaires.
- Il existe des
différences entre les études.
- On ne peut se
prévaloir que de périodes pendant lesquelles l’expulsion de l’avorton est
habituellement observée. Cela ne signifie donc pas que ces périodes soient
identiques à celles pendant lesquelles l’agent pathogène a exercé son effet
délétère. Il peut en effet y avoir de larges
variations dans les périodes d’incubation entre agents pathogènes et pour un
même agent pathogène. Sur le plan pratique, cette observation pose par exemple
le problème de l’interprétation des analyses sérologiques réalisées. Ainsi,
l’expulsion de l’avorton s’observe 24 à 72 heures après une infection par
Brucella abortus, 3 semaines environ après le début de la consommation
d’ensilages renfermant des listeria, 1 à 12 semaines en cas d’infection par
l’un ou l’autre genre de leptospires, plusieurs jours à plusieurs mois en cas
d’infection par le BHV1, plusieurs semaines après une infection par le BVD,
dans les 24 heures en cas d’infestation par les champignons, plusieurs semaines
à plusieurs mois après une contamination par Néospora ou par Tritrichomonas
fetus.
9. Symptomatologie clinique : L’avortement est
loin d’être le symptôme dominant. Ce sera le cas néanmoins lors d’une infection
par Brucella ou Leptospira. L’infection peut également se traduire par des
atteintes inflammatoires du tractus génital (germes à transmission vénérienne)
ou des systèmes respiratoire (IBR, Haemophilus), digestif (BVD, Salmonella,
Listéria) nerveux (Néosporose) ou mammaire (Leptospire). Ces symptômes ne constituent pas
nécessairement des prodromes d’un avortement.
Il faut également préciser que la naissance de veaux chétifs
ou présentant des retards de croissance peut être symptomatique de l’un ou
l’autre agent étiologique et en particulier du BVD, de la leptospirose.
10. Saison : L’augmentation de la
fréquence des avortements pendant la période hivernale, saison d’ouverture des
silos, peut faire penser à la Listeriose ou à une infestation par des
champignons et des levures.
11.
Caractéristiques macroscopiques de l’avorton et du placenta : Il
est bien difficile de poser un diagnostic étiologique sur la base de l’examen
macroscopique de l’avorton et du placenta. L’avorton sera habituellement autolysé.
Il présentera des lésions cutanées en cas d’infestation par les champignons. Le
placenta ne présentera des lésions typiques qu’en cas d’atteinte par les champignons
ou les toxoplasmes (zones de calcification). La rétention sera habituelle
mais plus nette lors d’infestation par les champignons.
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