par : Pr. B.MAMACHE
LA CLAVELÉE
(Variole
ovine – Claveaux)
DEFINITION
Maladie
contagieuse, virulente, inoculable, frappant le mouton et la gazelle due à un
virus appartenant à la famille des Poxviridae.
Elle
est caractérisée cliniquement, après un épisode fébrile, par une éruption
papuleuse pouvant devenir parfois pustuleuse apparaissant sur la peau et
intéressant secondairement les muqueuses.
Par
sa symptomatologie, elle se rapproche de la variole humaine.
Elle
constitue la variole animale la plus meurtrière (Légalement Réputée Contagieuse
dans certains pays).
ESPECES AFFECTEES
Dans
les conditions naturelles, seul le mouton est sensible à la clavelée. La
chèvre est en général réfractaire : elle est atteinte d’une variole
spécifique (goat pox). Cependant, certaines souches de Poxvirus semblent
pathogènes pour le mouton et la chèvre.
REPARTITION
GEOGRAPHIQUE
* Foyers sporadiques
dans les pays européens riverains de la méditerranée.
* Episodes en
U.R.S.S.
* Existe
(permanence) au Proche-Orient (Turquie, Série, Liban, Jordanie, Arabie
saoudite, Yémen, Afghanistan).
* Asie (Népal, Inde,
Chine).
* Sévit depuis
longtemps en Afrique, surtout dans la partie nord du continent (Mauritanie,
Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Soudan, Éthiopie et Somalie).
* Inconnue en
Australie et dans les deux Amériques.
ÉTIOLOGIE
Poxvirus est un gros virus (115 × 194 nm), plus long et plus
étroit que le virus vaccinal, aspect elliptique ou ovoïde. Renferme un ADN (non
segmenté à double brin).
Rq : Ne possède pas d’hémagglutinine spécifique.
SYMPTOMES
La
clavelée est une maladie assez bien caractérisée du point de vue clinique et
qui, de ce fait, fût très tôt individualisée.
* Incubation :
varie entre 6 et 10 jours en été, 12 et 20 jours en hiver.
* Expression
clinique : clavelée dite
régulière et clavelée dite irrégulière.
a) Forme régulière :
C’est
la forme la plus fréquente. Elle se traduit par une éruption papuleuse sur la
peau et différentes muqueuses externes, évoluant en 4 phases successives de
durée sensiblement égale (4 à 5 jours).
*
La phase d’invasion : de 4 à
5 jours, se traduit par de l’hyperthermie (40 à 41,5°C), de l’abattement, de la
tristesse, de la perte de l’appétit et une abondante sécrétion lacrymale,
salivaire et nasale.
* La phase
d’éruption : de 4 à 5 jours,
se manifeste par l’apparition au niveau des zones glabres du prépuce, du
périnée, de la vulve, des oreilles, sous la queue, sous l’aine et à la face
(lèvres, narine, joues, paupières), de taches roses ou rouges qui s’étendent
rapidement et se transforment en papules rondes ou ovalaires de 6 à 20mm de
diamètre. Elles peuvent être éminentes ou s’étendre en placards peu saillants.
L’éruption peut se généraliser à tout le corps. Pendant cette phase, la
température revient à la normale.
* La phase de
la sécrétion : se
caractérise par l’affaissement des papules et leur infiltration par un liquide
jaune rougeâtre qui les transforme en vésicules. La laine, à ce moment,
s’arrache facilement. La formation de ces vésicules n’est pas toujours
observée ; les papules peuvent se transformer directement en pustules.
* La phase de dessication : de 4 à 5 jours, se traduit par la dessication
de la surface des pustules et la formation de croûtes jaunâtre, denses,
arrondies, rappelant des têtes de clous incrustées dans la peau, d’où le nom de
claveau du latin clavus. Ces croûtes se détachent et laissent
s’installer des processus cicatriciels qui laissent des traces indélébiles.
*Evolution :
L’évolution de la
forme complète, qui se fait vers la guérison, dure en moyenne 16 à 20 jours.
b) Formes
irrégulières :
Elles
sont plus rares mais moins caractéristiques et surtout plus graves car souvent
mortelles.
On
distingue :
* forme septicémique
(ou éruptive grave) ;
* forme
broncho-pulmonaire (extension du processus aux bronches et aux poumons).
* forme digestive
(extension au tube digestif).
* forme nerveuse.
c) Complication :
* Avortement ;
* infections
secondaires (œil, articulation, extrémités des membres, extrémités de la
mamelle) ;
* sortie ou
aggravation des parasitoses : (Distomatoses, Strongyloses
gastro-intestinales, Babésioses).
LESIONS
a) Macroscopiques
1) Lésions
essentielles : Trois sont
caractéristiques :
* Peau : la papule claveleuse (éventuellement :
pustule) ;
* Sous la peau : nodules sous cutanés (grosseur d’un pois à
celle d’une noix) ;
* Poumon : est atteint dans 80% des cas ; il
présente des petits foyers nodulaires bien limités de la taille d’une lentille
à celle d’une noisette.
2) Lésions
accessoires : Sont beaucoup
moins évocatrice et se rencontrent surtout lors de formes irrégulières et de
complications :
* Broncho-pneumonie ;
*
Gastro-entérite ;
* Exsudats
séro-sanguinolents dans les cavités séreuses à paroi congestionnée ;
* Lésions
inflammatoires des ganglions, du cœur et des reins.
b) Microscopiques
* Cutanées : - Infiltration cellulaire puis légère
hyperplasie de l’épiderme ;
- Apparition de la
papule ;
- Installation de la
nécrose.
* Sous
cutanées : Correspondent à
des infiltrations cellulaires du tissu conjonctif.
* Cellulaires : Altération cellulaires typiques dans les cellules
des papules et de l’infiltrat inflammatoires.
- Eléments
cellulaires de grande taille ;
- Noyau hypertrophié
vacuolisé.
* Sanguines : Leucocytose importante avec neutrophilie et
diminution des eosinophiles ; Le taux des hématies n’est pas modifié.
DIAGNOSTIC
Il
est facile et peut être précoce en région classiquement infectée où la maladie
sévit sous forme enzootique. Il peut être délicat et quelque peut hésitant en région presque là indemne
lorsqu’apparaissent les premiers cas.
a) Sur le terrain :
1) En milieu
infecté :
La
clavelée peut être reconnue dès la phase d’invasion : réaction fébrile,
troubles de l’état général, sensibilité cutanée. L’aspect caractéristique de
l’éruption papuleuse vient confirmer le diagnostic.
2) En milieu
jusque là indemne : On
retiendra :
- L’aspect
contagieux du processus : frappe de nombreux animaux d’un troupeau, soit
brutalement soit par vagues successives.
- Les caractères de
l’éruption à ses différentes périodes, son évolution généralement régulière et
bénigne chez les adultes, souvent fatale chez les agneaux.
3) diagnostic
différentiel :
* affections non
contagieuses :
o
Acné : inflammation
localisée des glandes sébacées (pustules cutanées) indolores, diversement
localisées, apparaissant après la tonte sans atteinte de l’état général.
o
Furonculose ou Dermite pustuleuse Mammaire : petits abcès apparaissant chez la brebis sur
les mamelles et à la surface interne des cuisses.
o
Accident de photosensibilisation :
survenant après ingestion de certains végétaux ou de certaines drogues (telle
la Phénothiazine) et exposition au soleil. Ils se traduisent par une vive
inquiétude, contemporaine d’une congestion des régions glabres :
tuméfaction de la face, des oreilles. Les animaux se frottent et apparaissent
parfois des papules et des vésicules.
o
Traumatisme dus à des plantes épineuses : petites plaies ou petits abcès, diversement sur le
thorax ou l’abdomen, sans atteinte de l’état général.
o
Eczéma pustuleux :
dépourvu de caractère infectieux, évolue sans prodromes.
o
Phtiriase : ne s’étend
que lentement dans le troupeau ; les ectoparasites sont facilement mis en
évidence.
* Maladies
contagieuses :
o
Fièvre aphteuse : peut
prêter à confusion au début de l’évolution : atteinte fébrile contagieuse
avec avortement et mortalité chez les jeunes, mais l’apparition de boiteries
associées à la présence de vésicules sur les pieds (rares dans la bouche et sur
les mamelles) supprime toute confusion.
o
Gale sarcoptique ou noir museau :
évolue sans atteinte de l’état général, demeure localisée à la tête, se traduit
par du prurit, des dépilations et apparition de croûtes sans formation de
papules.
o
Ecthyma contagieux ou Dermite pustuleuse du mouton : frappe surtout les agneaux, pas ou peu de
trouble de l’état général. Localisation bucco-labiale caractérisée par
l’apparition de vésicules suintantes se recouvrant rapidement de croûtes. Elles
tombent 2 à 3 semaines en laissant des plaies ulcéreuses qui cicatrisent sans
laisser de trace. Des lésions identiques se rencontrent sur les mamelles des brebis
allaitantes contaminées par les agneaux.
Le
diagnostic différentiel est généralement aisé et il est rarement nécessaire de
recourir au diagnostic expérimental.
4) Au
laboratoire :
* Virologie : - isolement du virus (sur culture cellulaire).
- inoculation à des moutons sensibles.
* sérologie : - par séroneutralisation (in vivo) ou en
culture cellulaire.
- par immunodiffusion.
- par fixation du
compliment.
TRAITEMENT
Il
n’existe pas de traitement spécifique. On peut cependant conseiller un
traitement symptomatique.
- placer les animaux
dans de bonnes conditions hygiéniques : alimentation adaptée, aération
suffisante des locaux surtout en hiver.
- traitement
symptomatique des troubles respiratoires, digestifs et surtout des
complications : antibiotiques par voie générale, teinture d’iode ou
glycérine iodée ou pommades au antibiotiques ou sulfamides sur les lésions.
Traiter éventuellement les parasitoses de sortie.
PROPHYLAXIE
1) Prophylaxie sanitaire
a) En pays
indemnes :
Mesures
strictes de contrôle des importations en provenance des pays infectés
(quarantaine). Surveillance des zones frontières.
- Si apparaît :
abattage de tout le troupeau.
b) En pays
infectés :
- Ne pas introduire d’animaux
prevenant d’un troupeau infecté dans un troupeau sain.
- Mise en interdit
des foyers reconnus infectés : isolement, séquestration maintenue pendant
au moins 45 jours après disparition de la maladie et désinfection. Préconiser
l’abattage si les conditions le permettent.
2) Prophylaxie
médicale
* Immunisation
passive avec un sérum hyperimmun 10 ml/V. s/c.
* Immunisation
active :
- la clavélisation.
- le vaccin à virus
sensibilisé : virus partiellement neutralisé par un sérum hyperimmun
(0,02g de préparation virale pour 2mi de sérum).
- Le vaccin à virus
adsorbé : virus claveleux vivant adsorbé sur l’alumine. 0,5ml V. s/c,
immunité précoce 3 à 4 jours, solide et durable (au moins un an).
- Le vaccin à virus
inactivé et adsorbé : virus préalablement adsorbé sur l’alumine, ensuite
inactivé par addition de formol à faible concentration 1 pour mille à 1 pour 10
milles.
0,5 à 1ml V. s/c en
arrière du coude en respectant les règles d’asepsie. L’immunité s’établit à 10
– 12 jours, solide mais dépasse rarement les 6 mois. Rappels vaccinaux
nécessaires.
- Les vaccins à
virus atténués : ce sont les derniers apparus et, sans conteste les
meilleurs.
CONCLUSION
La clavelée dans l’espèce ovine est une maladie à déclaration obligatoire.
La clavelée dans l’espèce ovine est une maladie à déclaration obligatoire.
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