jeudi 19 novembre 2015

Tagged Under: ,

La tremblante du mouton et de la chèvre

By: Dr Vétérinaire On: 08:42
  • Share The Gag

  • .
    LA TREMBLANTE

    GENERALITES
    a) Définition
    La tremblante du mouton et de la chèvre est une maladie infectieuse, inoculable, transmissible, due à un agent infectieux appelé “Agent Transmissible Non Conventionnel” (A.T.N.C) (Cf : Encéphalopathie Spongiforme Bovine). Elle est spéciale à ces deux espèces et inoculable à certains rongeurs de laboratoire. Elle se caractérise par une très longue période d’incubation d’environ 2 ans, un développement lent et régulier, des symptômes exclusivement nerveux (tremblement, prurit, paralysies) aboutissant à une mort inéluctable en 2 mois environ.
    Elle fait partie des encéphalopathies spongiformes avec dégénérescence vacuolaire du cytoplasme des neurones sans inflammation, ni réponse immunitaire et certaines maladies humaines semblables pourraient épidémiologiquement dépendre de la tremblante ovine (Joubert 1985).
    b) Synonymie
    Elle évoque différents aspects cliniques de la maladie :
    - Scrapie (to scrape = frotter) pour le prurit,
    - Traberkrankheit (maladie du trot) pour l’ataxie locomotrice,
    - Drowry : forme seulement lethargique,
    - Seratching : forme prurigineuse.



    c) Histologie
    Il comporte trois phases :
    * La découverte de l’inoculabilité de la maladie chez le mouton et chez la chèvre remonte à 1936 par Cuille et Chelle, alors que la tremblante était signalée au 18ème siècle en Europe Centrale et en Grande-Bretagne.
    * Le rassemblement par Sigurdsson en 1954 de la tremblante à d’autres maladies animales, (Rida ; forme islandaise de la tremblante disparue par éradication, Visna – Maedi, encéphalopathie du vison au Wisconsin) et d’autres maladies humaines (Kuru, maladie de Creutzfeldt – Jacob (M.C.J.), syndrome de Gertsman–Straussler–Schinker (S.G.S.S.), sous le vocable de “Slowvirus” ou “maladies virales à évolution lente” en raison d’analogies suggestives de leur évolution et de leurs lésions nerveuses seulement dégénératives d’encéphalopathie spongiforme.
    L’essor contemporain des études étiologiques, pathogéniques et diagnostiques sur la tremblante et les maladies apparentées, ainsi que des investigations en pathologie comparée où ces maladies animales sont érigées en modèles expérimentaux des maladies humaines semblables.
    d) Distribution géographique et importance économique
    Les cartes nationales de la tremblante sont très difficiles à dresser puis à tenir à jour en raison de l’insidiosité de la contagion.
    La plupart des pays se trouvent sans doute infectés et certains berceaux de race y représenter des foyers ancestraux invétérés, tels en France ceux occupés par les races Lacaune, Caussenarde et Préalpes, en Grande – Bretagne, Suffolk et Cheviot.
    * L’importance socio-économique est considérable et l’on peut s’étonner que les recherches portent davantage sur la pathologie comparée que sur la pathologie et la lutte spécifiques.
    * L’importance économique tient au taux d’incidence élevé en zone d’élevage où le facteur racial prédomine et la létalité totale.
    L’importance hygiénique demeure un risque non encore élucidé, car la consommation humaine de viandes d’animaux infectés pourrait, en hypothèse, ne pas être étrangère à trois maladies à prions de l’homme (Creutzfeldt-Jacob, Kuru, Alzheimer) qui consacrerait la tremblante comme redoutable zoonose.
    * L’importance dogmatique enfin, concerne l’étude des maladies humaines à prions grâce au modèle exemplaire fourni par la tremblante en tant qu’encéphalopathies spongiformes transmissibles d’évolution lente.

    ETUDE DE LA MALADIE
    a) Symptômes 
    * Incubation : toujours longue, précisée par l’inoculation mais indéterminée dans les conditions naturelles en l’absence de diagnostic précoce et commode, elle oscille auteur de 2 ans.
    * Prodromes : Ils s’étendent sur plusieurs semaines et ne sont pas perceptible qu’à l’œil exercé d’un berger. Très équivoques, ils représentent un habitus modifié, des troubles de l’attitude (Hébétude, oreilles tombantes, tête basse), des phases d’indifférence vis-à-vis des autres animaux transis par le froid et s’isolant du troupeau.
    Toutefois, l’appétit n’est ou ne sera jamais altéré et la maladie demeurera apyrétique.
    * Symptômes : une triade symptomatique de signes nerveux apparait :
    - Le prurit, surtout dorsal, qui pousse les malades à racler leur toison à toutes les aspérités, tant à la bergerie (portes, mangeoires, râteliers, abreuvoirs) qu’au pâturage (haies, piquets de clôture) et qui est très aisément déclenché par grattage lombaire avec mimique labiale et mâchonnement de satisfaction. Faible et discontinu au début, il devient démentiel et permanent, entraine bientôt des alopécies, parfois l’arrachement d’un vaste placard de toison d’aspect dépenaillé et même des automutilations par mordillement de la peau ou des onglons.







    - Les tremblements qui gagnent progressivement en intensité et en ampleur. Au début, localisés à la tête et à peine perceptibles, ils deviennent continus avec mouvements latéraux de dénégation en salives d’hyperexcitabilité alternées avec des phases de rémission. Plus tard, ils se transforment en trémulations musculaires et en frissons permanents de l’encolure et des membres.
    - Les paralysies débutent par diverses incoordinations motrices (démarche ébrieuse, faux-pas, trot déhanché, chutes) puis apparaissent des parésies, une paraplégie enfin un décubitus abandonné permanent. Parfois, la somnolence est entrecoupée par des crises de frayeur brusques et non motivées avec prise d’un trot grotesque suivi de chutes.
    - Evolution : constamment apyrétique, sans modification de l’appétit mais avec impossibilité d’alimentation et donc une étisie croissante, la tremblante est ixonérablement mortelle en 6 à 8 semaines depuis la constatation des prodromes : Ces délais relativement brefs s’opposent à la longueur de l’incubation.
    b) Lésions
    En l’absence de toute lésion macroscopique univoque (étisie, escarres, dépilation, lésions de prurit) ; les lésions sont seulement microscopique, nevraxiques et dégénératives, jamais inflammatoires ni démyélinisation : il s’agit d’une encéphalopathie et non d’une encéphalite.
    L’histopathologie et les clichés ultrastructuraux fournissent ainsi des images pathognomoniques d’une dégénérescence cytoplasmique vacuolaire, spongiforme, bilatérale des neurones et des astrocytes de la substance grise.
    Indiscernables de cellules observées dans la maladie de Creutzfeldt-Jacob, on y distingue chronologiquement :
    * une astrocytose ou prolifération des astrocytes et de leurs poids vasculaires.
    * une spongiose axonique, une dégénérescence vésiculeuse, parfois bulleuse, en chainettes et affectant les prolongements des astrocytes et des neurones contigus.
    * une dégénérescence vasculaire spongiforme des neurones eux-mêmes, véritable effet cytopathique in vivo de l’agent.
    PHYSIOPATHOLOGIE
    L’actuelle impossibilité de la mise en évidence de l’agent de la tremblante et de ses stigmates immunologiques rend hypothétique toute étude pathogénique.
    a) Mode de diffusion :
    Après inoculation sous-cutanée chez la souris, la rate devient virulente en 1 semaine, les ganglions, le thymus et les glandes salivaires en 4 semaines, la moelle épinière en 12 semaines, et cerveau en 16 semaines.
    Chez le mouton, l’agent est décelable le 14ème mois dans les ganglions et l’intestin, le 25ème mois dans les tissus nerveux, alors que la clinique ne s’exprime qu’à partir du 37ème – 60ème mois.
    L’évolution parait admettre trois stades :
    * localisation lymphatique, thymique et splénique initiale, la splénectomie allongeant la diffusion.
    * diffusion lymphatique et généralisation, l’agent est toujours absent ou très faiblement présent dans le sang.
    * l’accès au névraxe sans doute surtout par neuro-probasie avec invasion astrocytaire puis diffusion membranaire de proche en proche aux neurones par leurs axones (voir schéma).
    b) Excrétion :
    La contamination peut s’effectuer par toutes les sécrétions et excrétions, hormis le lait, l’urine et le sperme : loin d’être un agent neurotrope pur, l’agent transmissible non conventionnel (prion) spécifique est lymphotrope donc pantrope.
    La tremblante est une enzootie progressivement envahissante, implantée en foyers invétérée et d’étroite dépendance génétique, d’incidence souvent faible (5% mais jusqu’à 50% s’il y a prédisposition raciale), de prévalence haute car de létalité totale.
    La maladie n’offre périodicité annuelle ou saisonnière.
    En raison de l’extrême résistance de son agent responsable, ses modalités de transmission encore hypothétiques, mais, sans doute illimitées supposent l’existence de porteurs excréteurs génétiquement non prédisposés, sans risque d’expression clinique.
    En outre, en raison de la longueur de l’incubation, la tremblante reste essentiellement une maladie d’adultes.
    Enfin, la tremblante serait à inscrire sur la liste de zoonoses potentielles en tant que maladie ovine ancestrale transmissible à l’homme sous forme de M.C.J., de Kuru, de maladie d’Alzheimer. (voir schéma).
    DIAGNOSTIC
    Seule la suspicion épidémio-clinique, toujours occasionnelle et individuelle, des sujets offrant les symptômes pathognomoniques (prurit, tremblements, incoordination motrice, paralysies et mort) peut orienter vers le diagnostic dans les foyers avérés et sur les races reconnues prédisposées.
    La confirmation histopathologique sur prélèvement d’encéphale frais en formol à 10% se fonde sur la révélation des lésions d’encéphalopathie spongiforme sans inflammation ni démyélinisation.
    a) Diagnostic différentiel :
    Il mérite de comparer la tremblante à certaines maladies à manifestations nerveuses qui offrent parfois certaines ressemblances :
    * Le louping-ill : arbovirose rare et géographiquement localisée, sans appartenance raciale, est une encéphalite fébrile, non prurigineuse et de diagnostic viro-sérologique aisé.
    * La maladie d’Aujeszky en extension avec la maladie de porc : demeure rare chez le mouton placé en contiguïté épidémiologique avec un élevage porcin. Cette herpesvirose, de diagnostic virologique facile et rapide s’accompagne d’un prurit violent en général mais l’évolution mortelle n’excède pas 2 à 3 jours.
    * La rage : présente des symptômes d’agressivité avec parfois un prurit automutilant de la zone mordue, mais la rapidité de son évolution mortelle en quelques jours, les commémoratifs épidémiologiques de la contamination par morsure d’un carnivore incitent à un diagnostic de laboratoire classique et réglementé du Rhabdovirus responsable.
    * La listériose : méningo-encéphalomyélite bactérienne fébrile non prurigineuse, se traduit aussi par des avortements, entraine la mort en 1 à 7 jours et son diagnostic expérimental est rapide.
    * Le tétanos : toujours sporadique et apyrétique et exceptionnel et se manifeste par des contractures sans prurit, ni tremblement, ni paralysie.
    * L’oestrose : offre toujours une sinusite purulente et la coenurose ou tournis, n’est ni fébrile, ni prurigineuse, sporadique dans un troupeau et les troubles locomoteurs ne comportent pas de paralysie.
    PROPHYLAXIE
    La mise en application d’une prophylaxie efficace de la tremblante est difficile et devrait se fonder sur la déclaration de suspicion de maladie.
    Les mesures défensives doivent s’opposer à l’introduction de la maladie en pays ou en régions indemnes grâce au contrôle des importations des animaux de races prédisposées.
    Les mesures offensives basées sur l’abattage précoce et inconditionnel sous réserve d’offrir une indemnisation au propriétaire.
    La récupération des carcasses à l’abattoir doit être interdite surtout si on tient compte d’une éventuelle transmission à l’homme et aux animaux par voie alimentaire.
    Aucune prophylaxie médicale n’existe à l’heure actuelle.
    Description: a) Définition La tremblante du mouton et de la chèvre est une maladie infectieuse, inoculable, transmissible, due à un agent infectieux appelé “Agent Transmissible Non Conventionnel” (A.T.N.C) (Cf : Encéphalopathie Spongiforme Bovine). Elle est spéciale à ces deux espèces et inoculable à certains rongeurs de laboratoire. Elle se caractérise par une très

    0 التعليقات:

    Enregistrer un commentaire