par : Pr. B.MAMACHE
LA
MALADIE D’AUJESZKY
LA
PSEUDO-RAGE
DÉFINITION
La
maladie d’Aujeszky est une maladie infectieuse, virulente, inoculable,
contagieuse (surtout dans l’espèce porcine), commune à de nombreuses espèces
animales et due à un virus de la famille des Herpesviridae (Herpesvirus
suis ou Herpesvirus porcin de type 1).
La
maladie est caractérisée cliniquement:
*Chez le porc, par une évolution bénigne le plus
souvent, sauf chez les porcelets à la mamelle qui meurent rapidement.
*Chez les autres
espèces, par une
encéphalomyélite d’évolution rapidement mortelle accompagnée, en général d’un
prurit incoercible et mutilant.
SYNONYMIE
- En français: pseudo-rage
(ressemblance clinique partielle avec la rage).
- En anglais: Aujeszky’s disease,
pseudorabies, maditch (prurit fou).
ESPÈCES AFFECTÉES
Elles sont très
nombreuses:
Dans
les conditions naturelles: La maladie d’Aujeszky atteint de nombreuses espèces domestiques: porc,
chien, chat, bœuf, mouton ainsi que diverses espèces sauvages: renard, rat,
sanglier, blaireau, vison et cerf.
L’homme
est exceptionnellement atteint.
Dans
les conditions expérimentales: a maladie d’Aujeszky
peut être reproduite chez toutes les espèces naturellement atteintes. Au
laboratoire, on utilise surtout le lapin, éventuellement la souris, le cobaye
ou le hamster.
Les
oiseaux sont peu sensibles et les animaux à sang froid sont complètement
réfractaires.
DISTRIBUTION
GEOGRAPHIQUE
La
maladie d’Aujeszky est largement répandue en Europe: L’Europe centrale et
L’Europe de l’est ont connu un développement de la maladie d’Aujeszky, depuis 2
à 3 décennies. Un large recours à la vaccination a ensuite limité le nombre de
foyers. Un développement semblable s’est produit à partir de 1970 environ dans
différents pays d’Europe de l’ouest: Danemark, Hollande, Belgique, France, Espagne
et l’Italie.
La
maladie d’Aujeszky existe également en Amérique du Nord et du Sud, aux Etats
unis d’Amérique. L’incidence a augmenté fortement au cours de dernières
années.
PATHOGÉNIE
- Evolution de l’infection
Après
pénétration oro-nasale, le virus de la maladie d’Aujeszky se multiplie localement, en particulier dans
les amygdales, puis par une diffusion nerveuse centripète (comme dans la rage),
il gagne les centres nerveux. Il s’y multiplie intensément et peut atteindre,
par voie hématogène, divers organes où on peut le retrouver.
- Infection du fœtus
L’infection
de la femelle pleine peut entrainer un avortement par maladie fébrile
généralisée (les fœtus ont alors tous le même aspect et on ne peut pas y mettre
en évidence le virus) ou provoquer une atteinte de certains fœtus et dans ce
cas les fœtus n’ont pas le même aspect et on peut isoler le virus de certains
d’entre eux.
- Infection latente
Chez
les animaux guéris, le virus peut persister pendant longtemps à l’état latent
dans certains tissus (isolement du virus 5 mois après guérison par mise en
culture d’organe) et se multiplier (vraisemblablement) sous l’influence de
facteurs d’agression. Cette notion est classique au sein des herpesvirus
humains ou animaux.
Le
support de l’immunité est d’une part humoral, fondé sur les anticorps
neutralisants (d’où l’emploi d’un sérum hyperimmun et l’appréciation du degré
d’immunité par titrage des anticorps neutralisants), et d’autre part cellulaire
comme le montre la résistance constatée chez des animaux vaccinés ne possèdent
que peu ou pas d’anticorps sériques neutralisants.
SYMPTÔMES
1) Chez les espèces
autre que le porc
Caractères
communs: une
évolution inéluctablement fatale, après une incubation courte de l’ordre de 2 à
5 jours, et très souvent du prurit.
a) Chez le chien
Forme typique
*Phase de début: peu
caractéristique, modification du comportement, inquiétude, apathie,
hyperesthésie.
*Phase d’état: caractérisée par
l’apparition du prurit.
Le
prurit est localisé à la porte d’entrée du virus: gueule, bagines, museau, il
est incoercible.
L’animal
se gratte sans arrêt ou presque. Il est mutilant, entrainant une dépilation
puis une plaie parfois étendue. Absence d’agressivité. Une paralysie pharyngée.
La
guérison est tout à fait exceptionnelle
Forme atypique
*Forme foudroyante, à
évolution très courte, de quelques heures, un peu de salivation, un peu de
prurit.
*Forme gastro-intestinal:
diarrhée, paralysie, le prurit fait défaut.
b) Chez le chat
Tableau clinque voisin de celui du chien,
mais le prurit est moins fréquent.
Forme typique
* Phase de début: abattement, inquiétude, miaulements
répétés, plaintifs avec une voix altérée.
*Phase d’état: paralysie du
pharynx: l’animal bave et fait des efforts pour avaler.
Le
prurit ne se manifeste que dans 50% des cas au maximum (même caractéristique
chez le chien). Parfois horripilation (queue en brosse à bouteille), anisocorie
(inégalité pupillaire) puis mydriase bilatérale.
*Phase terminale: installation
de paralysies; la mort survient après une évolution clinique totale de 12 à 24
heures.
Forme atypique
*Forme gastro-intestinale:
(comme chez le chien).
*Forme fruste avec peu de
symptômes, sans prurit, de diagnostic difficile.
C) Chez les
ruminants: bovins, ovins et caprins.
Forme
prurigineuse: la
plus fréquent.
Le
prurit est localisé soit à la partie postérieure du corps (membres
postérieures, région génitale), soit à la partie antérieure (tête, encolure).
Les
animaux se grattent et entrainent une auto- mutilation. Par ailleurs,
piétinement, grincement des dents, paralysie du pharynx avec ptyalisme, absence
d’agressivité.
Les
paralysies s’installent et la mort survient après une évolution clinique totale
de 6 à 24 heures, rarement plus. Guérison exceptionnelle.
Formes non
prurigineuses:
moins fréquentes.
On
note des phases d’excitation, des beuglements, des paralysies qui conduisent à
la mort.
d) Chez le cheval
La
maladie est rarement observée chez le cheval. Evolution d’une encéphalomyélite
aigue, sans prurit, avec modification du comportement, excitation.
En résumé: Pour ces différentes espèces, il
faut retenir: la brièveté de l’incubation, la rapidité de l’évolution
inéluctable vers la mort (au maximum 2 jours), la fréquence du prurit (mais qui
peut faire défaut) au sein d’un tableau d’encéphalomyélite.
LÉSIONS
Lésions
macroscopiques
Peu
caractéristique, sauf parfois chez le porcelet. En cas de prurit (carnivores,
herbivores): plaie de grattage, ecchymose, auto- mutilation.
Chez les porcelets de
moins de 10 jours, petits foyers blanchâtres nécropsiques sur le foie et la
rate assez caractéristiques mais peu constants.
Lésions
microscopiques
Lésions
d’encéphalomyélite virale dont le siège varie en fonction de la porte d’entrée
du virus: infiltration lymphocytaire diffuse, manchons lymphocytaires
péri-vasculaires, margination de la chromatine des neurones.
ÉPIDÉMIOLOGIE
Quelque
soit le pays, les espèces touchées par cette maladie sont: avant tout et de
loin le porc; en second lieu les carnivores et les bovins, plus rarement
d’autres espèces: moutons, animaux à ferrure, carnivores sauvages.
*Incidence
mensuelle: on note des fluctuations saisonnières avec incidence
maximale en hiver.
*Incidence
annuelle est fonction du pays.
*L’évolution
dans un élevage est variable en fonction de la taille de
l’exploitation.
*La source du
virus: les autres espèces animales que le porc constituent un cul de
sac épidémiologique et ne jouent qu’un rôle minime ou aucun rôle en tant
que source de virus (mort survient rapidement, faible niveau de l’excrétion
virale nasale et buccale).
Donc
la source quasi exclusive de virus de la maladie d’Aujeszky est la porc
(malades, porteurs guéris, porteurs sains).
*Les produits
d’origine animale peuvent être virulents:
v Les viandes, les
organes (foie, rate, poumon) de porcs infectés (danger pour les carnivores);
v Les graisses.
v Le sperme de
verrats.
v Le sérum récolté
sur un porc en état de virémie
* Le virus présente
une certaine résistance moyenne dans le milieu extérieur de 30 jours
en été et de 50 jours en hiver.
*La réceptivité
1) Espèce: - grande réceptivité: carnivores,
porcins, ovins, lapins, animaux à ferrure;
- réceptivité moyenne:
bovin.
-réceptivité faible: cheval,
homme.
2) Âge: influence évidente dans l’espèce
porcine.
Les agressions
diverses liées à de mauvaises conditions hygiéniques et à de forte
concentration d’animaux.
L’infection se produit:
*Chez les
carnivores: essentiellement par consommation de produits contaminés
(cadavres de porcelets, rate, poumon, viandes de porcs infectés, déchets de
viscères servant pour l’alimentation
des carnivores en milieu urbain), et éventuellement par contact direct avec des
porcs infectés.
*Chez les herbivores: essentiellement
par cohabitation avec des porcs infectés, transmission par voie aérienne à
quelques mètres voire quelques dizaines de mètres de distance ou par
l’intermédiaire d’aliments ou d’objets pollués. Dans ce cas, le prurit est
observé généralement à la partie antérieure du corps. Moins souvent, par
l’intermédiaire de l’homme en contact avec des porcs infectés puis des
herbivores: transport de virus par les vêtements, les bottes, manipulation des
animaux par le vétérinaire, l’inséminateur.
DIAGNOSTIC
1) Diagnostic
clinique
a)Espèces autres
que le porc
*Signes de
suspicion:
troubles nerveux accompagnés de salivation, de paralysie, sans agressivité,
évolution rapide vers la mort.
*Signe critère: prurit incoercible et démentiel,
lorsqu’il existe.
*Eléments
épidémiologiques d’appoint
-pour les carnivores:
consommation de viande ou de viscères de porcs.
-pour les herbivores:
présence de porcs dans l’exploitation.
*Diagnostic
différentiel: (en cas de la maladie d’Aujeszky sans prurit).
Ø Chien
*Rage: agressivité, évolution clinique
plus longue, absence de prurit en général).
Cependant, le
diagnostic différentiel entre la maladie d’Aujeszky et la rage peut être très
difficile (en absence de prurit en région d’enzootie de rage), et il faut alors
essayer de confirmer ou d’infirmer, en premier lieu l’hypothèse de la rage
surtout s’il existe un risque de contamination humaine.
*Botulisme:
paralysie, absence de troubles de la sensibilité et de troubles psychiques.
*Maladie de Carré,
maladie de Rubarth: difficulté éventuelle du diagnostic différentiel
lors de forme suraiguë.
*Leptospirose:
confusion de la gastro-intestinale de la maladie d’Aujeszky .
*Stomatite: obstruction par corps étranger:
évolution différente, renseignements fournis par les commémoratifs et l’examen
clinique.
*Empoisonnement.
Ø Chat: rage, botulisme, stomatites par
corps étranger, empoisonnement.
Ø Bovins: rage, botulisme, listériose,
méningo-encéphalomyélite, empoisonnement.
Ø Mouton: rage, botulisme, listériose, évolution
lente.
Ø Cheval: méningo-encéphalomyélite.
2) Diagnostic
nécropsique
Peu de renseignements
fournis par l’autopsie, la présence éventuelle de foyers nécrotiques sur le
foie et la rate des porcelets.
3) Diagnostic
épidémiologique
En
plus des éléments déjà évoqués, il faut prendre en considération des éléments
de date, plus grqnde fréquence de la maladie en hiver quelle que soit l’espèce,
et la région.
En
cas de suspicion clinique chez les bovins et les carnivores, il faut essayer de
remonter à la source porcine de l’infection.
4) Diagnostic de
laboratoire
*Prélèvements
v Pour rechercher le virus
-Carnivores: tête coupée à la base du cou, ou
encéphale, amygdales.
-Bovins:
encéphale, moelle épinière de la région correspondante au prurit si le prurit
n’est pas localisé à la tête.
Envoi en exprès sous
protection du froid, avec des commémoratifs détaillés.
v Pour
rechercher des anticorps
Cette recherche n’est
effectuée que chez le porc.
v Isolement et
identification du virus
-
Culture cellulaire.
-
Inoculation au lapin.
v Sérologie: séro-neutralisation, précipitation
en gélose, immunoélectrophorèse, fixation du complément, hémagglutination
passive, ELISA.
PRONOSTIC
- Evolution vers la mort, chez les
espèces autre que le porc, dans tous les cas quelle que soient les
thérapeutiques mises en œuvre.
TRAITEMENT
Aucun traitement
disponible.
PROPHYLAXIE
- Prophylaxie sanitaire
*Mesures
défensives
-Bovins, carnivores
dans les fermes: éviter le contact avec les porcs.
-Carnivores en milieu
urbain: ne pas distribuer de viandes ou des viscères crus de porc.
*Mesures
offensives
Abattage d’urgence
pour la boucherie de bovins en début de maladie d’Aujeszky dans un foyer
identifié.
- Prophylaxie médicale
*Immunisation
active
-Les vaccins:
*vaccins à virus
vivant: obtenus par
passage sur œuf embryonné en culture cellulaire.
Vaccination: 2 injections à 3-4 semaines
d’intervalle, bonne immunité de 6 à 12 mois.
Certains
vaccins moins atténués ne nécessitent qu’une injection.
*Inconvénients: virulence résiduelle de certaines
souches.
*Vaccins à virus
inactivé: virus
produit sur culture cellulaire, inactivé par le glutaraldehyde et contenant un
excipient huileux.
Vaccination: 2 injections en IM de 2ml
à 1mois d’intervalle pour porcs sains surtout, bonne immunité de 6 à 12 mois ,
donc rappel tous les 6 à 12 mois.
Absence
de virulence résiduelle du vaccin, immunité solide.
Inconvénients: risque de réactions allergiques.
- Prophylaxie médico-sanitaire
La
prophylaxie médicale seule ou la prophylaxie sanitaire seule sont rarement utilisées.
Souvent on utilise des mesures mixtes de lutte.
*Pays faiblement
infecté: on peut concevoir le recours exclusif à la prophylaxie
sanitaire avec intervention de l’état l’indemnisation financière au dépistage
et à l’élimination des animaux infectés.
*Pays fortement
infecté: L’emploi de la vaccination est indispensable pour limiter les
pertes économiques. La prophylaxie médicale est alors l’élément de base auquel
sont ajoutés des mesures sanitaires.
LÉGISLATION: La maladie d’Aujeszky est une
maladie légalement réputé contagieuse.
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