par : Pr. B.MAMACHE
LA TULARÉMIE
INTRODUCTION
La
tularémie est une maladie infectieuse, contagieuse et inoculable, provoquée par
une bactérie Francisella tularensis.
Elle
affecte principalement les rongeurs et les lagomorphes(le lièvre en
particulier), se manifeste sur ces espèces par des symptômes graves conduisant
rapidement à leur mort.
C’est
une zoonose majeure pour l’homme, en particulier pour certaines professions à
risque comme les chasseurs et les éleveurs.
Synonymes: Francis disease, fièvre du lapin, fièvre de la mouche
du cerf, rabbit fever.
IMPORTANCE
La
tularémie présente beaucoup plus un risque sanitaire qu’économique (frappe
quasi- exclusivement les animaux sauvages).
Elle
présente 3 importances:
* Une importance
cynégénétique, liée à la mortalité
des lièvres.
* Une importance
hygiénique, zoonose majeure suite à
une contamination accidentelle par des animaux malades ou leurs cadavres.
* Arme biologique au
même titre que le charbon bactérien.
ESPÈCES AFFECTÉES
La
sensibilité des animaux varie selon les espèces. La plupart des rongeurs et des
lagomorphes sont plus réceptifs à la maladie et généralement sont atteints de
formes septicémiques et meurent en 1 à 2 semaines.
Certains
rongeurs et oiseaux, les bovins, les ovins et les chiens sont très sensibles à
la maladie, mais en meurent rarement.
Le
renard, le chat, le sanglier, les mustélidés sont porteurs de la bactérie, mais
ne semblent pas en souffrir (formes passives).
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
La
tularémie sévit dans les régions froides et tempérées de l’hémisphère nord
comme l’USA, France, Tunisie, Turquie, Chine, Japon.
ÉPIDÉMIOLOGIE
- Sources et matières virulentes:
Les
animaux infectés (les lagomorphes et les rongeurs) représentent une source
virulente essentielle.
Chez
ces animaux, la maladie évolue sous forme septicémique, ce qui explique la
virulence du sang et de tous les tissus, sécrétions et excrétions.
Francisella
tularensis persiste jusqu’à 9 mois au dessous de 0°c, mais ne résiste pas au
dessus de 10°c.
TRANSMISSION
- Contamination directe
La
contamination de l’homme et des animaux peut s’effectuer par voie cutanée ou
muqueuse (manipulation d’animaux malades ou de cadavres), voie
respiratoire (inhalation d’aérosols virulents), ou par voie digestive (ingestion de
viande crue ou mal cuite est à l’origine des amygdalites).
- Contamination indirecte
Morsure de
tiques: les tiques et d’autres
arthropodes sont capables d’entretenir l’infection et de transmettre la maladie
surtout en été.
Morsures ou
griffures de chat: chez le chat,
l’infection demeure asymptomatique ou passe inaperçue.
La transmission est
liée à la présence de bactéries dans la bouche ou sur les griffes.
L’entretien
de la tularémie est basé sur les populations de micromammifères, en
association avec un réservoir
arthropodien.
Des
épizooties surviennent régulièrement en périodes de prolifération de ces
animaux par phénomène d’amplification, qui sont révélées par une mortalité
anormale chez les lièvres et par l’apparition de cas cliniques chez l’homme.
ÉTIOLOGIE
Les
Francisella sont des coccobacilles Gram négatif, immobiles, non sporulés,
aérobie strictes.
La
culture bactériologique est difficile; elle se réalise sur gélose chocolat
enrichie ou sur sang, sérum, glucose, jaune d’œuf,….…
Le
germe résiste à basse température dans le sol, la boue, l’eau,……. Il est
sensible à la chaleur, aux antiseptiques et aux désinfectants.
- Pouvoir pathogène
*Les
Francisella s’adressent aux espèces
nettes (rongeurs, lagomorphes et l’homme);ils ont un tropisme pour le système réticulo-histiocytaire (foie,
rate et nœuds lymphatiques) et derme.
*On distingue 2 souches de F. tularensis:
F. tularensis biovar tularensis (neartica): la
plus virulente, responsable chez l’homme d’une forme viscérale très grave.
F. tularensis biovar
paleartica (holartica): moins pathogène.
- Pouvoir antigène
Unicité
antigénique quelle que soit la souche. Chez l’homme on peut rechercher des
anticorps agglutinants.
- Pouvoir immunogène
L’évolution
très rapide vers la mort chez les rongeurs et les lagomorphes complique l’étude
de ce pouvoir chez l’animal.
Chez
l’homme, la protection contre F. tularensis passe avant tout par une immunité
cellulaire. Le rôle des anticorps sériques, dans cette protection est encore
inconnu.
PATHOGÉNIE
Chez
les animaux les plus sensibles, une fois entrée dans l’organisme, cette
bactérie très virulente gagne les nœuds lymphatiques drainant et après
multiplication se répand dans le foie, la rate, les poumons et les reins ainsi
que les glandes surrénales et la moelle osseuse. Alors apparaissent des lésions
localisées à ces organes dont l’image
histologique de ces lésions présente une masse centrale de nécrose caséeuse
entourée d’une zone de lymphocytes et de quelques neutrophiles, macrophages et
plus rarement de cellules géantes multinucléées.
L’agent
causal est présent dans les phagocytes en périphérie des lésions.
SYMPTÔMES
- Le lièvre et les rongeurs: présentent soit des septicémies mortelles en 2
à 3 jours, soit des formes subaiguës accompagnées d’une asthénie intense
et mortelle en une semaine.
- Le chat: présente soit une forme inapparente révélée uniquement par
sérologie, septicémie mortelle, soit une infection subaiguë signalée par
de la fièvre, de l’anorexie, une indifférence, des adénites localisées (pharynx,
région cervicale, l’intestin) ou généralisées.
- Le chien:
semble résistant à l’infection.
- Le cheval:
présent de la fièvre, de l’asthénie, une boiterie et un œdème des membres.
- Les bovins: semblent résistants; les ovins subissent de la fièvre, une
asthénie, une diarrhée et des difficultés respiratoires.
- L’homme:
après une contamination brutale, présente de la fièvre, des frissons, des
maux de tête, une perte d’appétit. Parfois une toux, des
vomissements, et une diarrhée.
Il
existe 6 formes principales et très graves de Tularémie:
*La forme ulcéro -
glandulaire: due souvent aux piqûres de tiques, caractérisée par une lésion
cutanée ulcérée parfois une escarre.
*Les formes cutanées
pures (escarre associé à des éléments éruptifs).
*Les formes ganglionnaires pures (adénites).
*Les formes oculo- glandulaires (la conjonctive): il se
forme des ulcères ou des nodules de la cornée.
*Les formes
septicémiques ou pseudo-typhoidienne: se traduisent par de
la fièvre.
*Les formes
digestives (gastro-entérite):dues à l’ingestion de nourriture contaminée.
LÉSIONS
Les
principales lésions observées lors de tularémie du lièvre sont: une congestion
généralisée des organes, une hépato-splénomégalie et une hypertrophie des nœuds
lymphatiques. La rate a un aspect allongé, à bouts arrondis « rate en cigare
»et une consistance boueuse.
Le
foie, la rate et parfois les reins peuvent présenter des foyers de nécrose. On
peut également observer des lésions de pneumonie.
DIAGNOSTIC
- Diagnostic épidémio-clinique:
Suspecter
la tularémie en présence de cadavres des lièvres lors de mortalités anormales.
Les
signes sont peu spécifiques (évolution rapide),
la mise en évidence de splénomégalie.
« Rate en cigare »
et de foyers de nécrose sur la rate et le foie renforce la suspicion.
Précautions: avant de procéder à l’ouverture du cadavre, plonger
l’animal dans l’eau de Javel(le désinfecter pour éviter toute contamination
cutanée). Se munir de gants et porter
des lunettes et un masque.
- Diagnostic de laboratoire
*Diagnostic
bactériologique
Il
est difficile (milieux de culture particuliers); il est réalisé à partir de la
rate et du foie.
*Diagnostic
sérologique (utilisable surtout chez le chat)
Les anticorps agglutinants apparaissent en une
dizaine de jours et peuvent persister
plus de 10 ans, mais un diagnostic de certitude nécessite la mise en
évidence d’une séroconversion avec un titre multiplié par 4.
Il
existe des réactions croisées avec: Brucella, Yersinia enterolitica et Proteus
vulgaris.
Aussi on peut
réaliser : L’intra-dermo- réaction, Inoculation expérimentale,
immunofluorescence directe et la PCR.
Traitement
Le
traitement consiste en une antibiothérapie.
F. Tularensis est
très sensible aux aminosides, il est assez sensible aux tétracyclines et au
chloramphénicol, mais peut développer des résistances à ces produits.
Il est résistant aux
pénicillines et aux ampicillines.
PROPHYLAXIE
- Chez l’animal
*Prophylaxie
sanitaire
-
Mesures défensives
- Action sur le réservoir animal: contrôle des densités de petits mammifères,
lutte contre les arthropodes piqueurs, contrôle des importations de
lièvres.
- Protection des élevages: quarantaine de dépistage des nouveaux animaux,
antibio-prévention lors d’infection déclarée dans un élevage.
- Protection des locaux contre les rongeurs sauvages.
Mesures offensives
Contrôle de
l’importation de tous les animaux domestiques ou sauvages sensibles à la
tularémie.
- Chez l’homme
*Prophylaxie
sanitaire
- Emploi d’insecticides
- Usage des vêtements de protection contre les
arthropodes dans les zones d’enzootie
- Emploi de
masque, de gants et de lunettes pour manipuler et dépouiller les
animaux sauvages
- Désinfecter le pelage à l’eau de Javel avant
autopsie
- Respecter les règles générales d’hygiène(ne pas
boire d’eau non traitée et bien cuire les viandes.
*Prophylaxie médicale
Les vaccins à germes
atténués permettent une diminution significative du taux de morbidité.
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